In The Country

En apparence, peu de changement pour le troisième album d’In The Country : même label (Rune Grammofon), mêmes membres au trio (Morten Qvenild, Roger Arntzen et Pål Hausken), même volonté de se servir du piano du premier nommé comme point de départ des compositions, mêmes interventions judicieuses d’instrumentistes invités (les pizzicati du violon de Kungen), même richesse mélodique (le piano de Doves Dance) et même dimension joliment élégiaque d’ensemble. Pourtant, passés les premiers titres du disque, plutôt conformes à ce que l’on connaît de la formation norvégienne, un changement de cap s’opère et le trio quitte ces rivages que d’aucuns considèrent comme trop lisses.

Ursa Major bascule, en effet, du côté d’un jazz progressif, porté par la participation d’Andreas Mjøs (de Jaga Jazzist). Les délicates partitions des trois premiers titres laissent ainsi place à des interventions plus marquées, des adjonctions de synthé et une coloration générale qui réussit la gageure de ne pas paraître trop datée. Même inflexion dans le caudal Mother, avec la batterie encore plus présente de Pål Hausken.

Dès lors, on peut reprendre le cours traditionnel de l’album, satisfait d’avoir pu constater qu’In The Country, au-delà des incursions vers le jazz chanté entrevues dans le disque précédent (et dont on perçoit une réminiscence avec les vocalises de la fin de W.A.R.M.), sait décidément s’échapper avec réussite du classicisme auquel les Norvégiens sont trop souvent renvoyés.

François Bousquet
le 13/07/2009