13/07/2009
Société de Curiosités,
Paris
Plus que séduit il y a deux mois par la prestation de 12 Dog Cycle au festival Elsie Else aux Instants Chavirés, on se décidait en cette veille de fête nationale à retourner les voir en concert. Un set complètement différent puisque le duo australo-taiwanais collaborait ce soir avec Moonshot, duo français composé de Natalie Vigier aux textes/voix et Alex Vermeulen aux guitares.
La soirée sera découpée en deux parties, elles même composées de trois pièces sonores. On s’était rendu compte de cette programmation un peu à la dernière minute, et on hésitait un peu à faire le déplacement. Malheureusement pendant le premier morceau on se dira que l’on aurait peut-être mieux fait de rester chez nous. Alex Vermeulen joue quelques accords de guitares éparses, lancinantes, Natalie Vigier récite ses textes, tandis que d’un autre côté Nigel Brown joue quelques graves nappes d’accordéon et Alice Hui-Sheng Chang produit ses toujours étonnants piaillements et râles. Or pendant ce premier titre on ne pourra s’empêcher de voir deux formations d’univers différents qui ne parviennent à fusionner.
Moonshot s’efface alors et laisse 12 Dog Cycle quelques temps en solo. Pas de réelle surprise ici puisque l’on retrouve leur travail que l’on découvrait aux Instants Chavirés : Nigel à l’accordéon et micro-contact qu’il plaque sur son instrument, captant un souffle grave produit par les mouvements de celui-ci et crépitements de brosse à dent, pendant qu’Alice travaille sa voix, créant des sonorités véritablement étonnantes, se rapprochant des musiques improvisées et free dans la mesure où l’utilisation qu’elle fait de son instrument vocal est atypique, aux confins de ses possibilités. Et puis Moonshot revient pour une dernière partie où tous les musiciens vont accumuler les couches sonores, y compris Natalie Vigier qui abandonne ses textes au profit de simples vocalises. Multiples tonalités, multiples nappes et drones, construisant un imposant magma sonore où là, naturellement, les univers des quatre artistes ne faisaient plus qu’un.
Après une petite pause 12 Dog Cycle et Moonshot reprennent place, abordant de nouveaux styles. Dans un premier temps Natalie Vigier semble s’inspirer du cut-up de Burroughs et tous les musiciens adoptent des constructions plus complexes, plus proche d’une improvisation débridée, faisant la part belle aux cassures et aux incessants changements de direction. Le gros morceau de cette deuxième partie verra Alex Vermeulen passer à la guitare préparée, en fait simplement posée sur une table alors qu’il fera passer des tiges de métal sur les cordes, coinçant une baguette métallique entre les cordes, triturant celles-ci et venant les pincer à leurs extrémités, ébauchant une constructions rythmique hypnotique en frappant à proximité des microphones de sa guitare. Et puis une nouvelle fois les couches successives s’empilent, les résonances de la guitare sont samplées et déclinées sur plusieurs tonalités pour arriver au final à une ambient puissante, tendue, finissant cut-up pour ne laisser à entendre que des restes d’une nappes d’accordéon de Nigel.
La soirée se terminera par une pièce envoûtante que l’on attribuera principalement à Moonshot, tout juste accompagné ici par 12 Dog Cycle. Envoûtante mais aussi un peu facile, avec un quart d’heure de guitare répétitive sur un texte (traduit) de Virginia Woolf, le son évoluant sans cesse par manipulation de deux pédales d’effet. Simple certes, mais efficace.
le 14/07/2009