du 06/06/2009 au 23/08/2009
Confort Moderne,
Poitiers
Régulièrement, ces pages regrettent le caractère fictif des réunions d’artistes dans la même exposition, entre fil narratif qui n’existe que dans l’esprit du commissaire et dialogue inopérant entre les œuvres convoquées. Quand une présentation collective comme Collatéral repose sur de véritables affinités entre plasticiens (tous New-Yorkais, travaillant en atelier et refusant le diktat du marché et des galeries), l’ensemble fait enfin exposition.
Avant même de pénétrer dans l’espace du Confort moderne dédié aux expositions, la large baie vitrée nous permet d’apercevoir une vingtaine de pièces, toutes accrochées sur le même mur et sans cartel aucun. Ce dispositif permet au spectateur d’embrasser d’un seul regard plusieurs œuvres des sept artistes états-uniens conviés, d’en découvrir les différences tout en prenant acte des lignes de rapprochement, et notamment de ce goût prononcé pour le minimalisme et l’abstraction ; attrait qu’il s’agit ensuite de relier aux similitudes déjà évoquées (géographiques, professionnelles, éthiques). Pour autant, point trop de posture ici, juste des gestes artistiques relativement simples et concluants, de la transcription de désirs et de l’expression de démarches.
Après cette première salle, l’exposition passe à une présentation plus traditionnelle avec monstration séparée des œuvres, souvent deux par deux, afin d’identifier plus précisément les approches entrevues sur le grand mur d’entrée. Tandis que Cheyney Thompson opère dans un post-pointillisme à l’origine très alambiquée (l’artiste a scanné des toiles vierges, dont il a tiré une trame passée en négatif, puis a projeté sur le tableau les motifs obtenus pour enfin les reproduire à la peinture), Blake Rayne suit un processus tout aussi réfléchi pour parvenir à des toiles faites de formes géométriques (peints au sol, plusieurs tableaux sont ensuite pliés, découpés et recousus ensemble avant d’en faire un unique, mis à la verticale pour l’accrochage).
Prisant la technique du monochrome, Liz Deschenes rend hommage avec ses impressions numériques aux fameux fonds utilisés en cinéma ou télévision pour l’incrustation d’effets spéciaux et Scott Lyall colle de grands carrés adhésifs directement sur le mur, jouant sur des camaïeux de gris et la variation qu’y apporte la lumière extérieure. Enfin, partant de matériaux existants, Eileen Quinlan triture des photographies et Sean Paul utilise des coupures de presse. Tout au bout de l’exposition, une salle nous est annoncée comme conçue par l’ensemble de ces artistes ; malheureusement, les trois spots colorés qui y sont présentés peinent à intéresser, par défaut d’interaction : les faisceaux lumineux ne se croisent pas et deux des quatre murs de la pièce restent nus.
le 20/07/2009