Kawaii

En 2007, Kawaii, duo parisien composé de La Loutre et Big Bisous, nous faisaient parvenir leur premier EP, sous forme d’un mini CD 5 titres d’une sorte d’electro-pop instrumentale, régulièrement agrémentée de samples vocaux (films, émissions télé, interviews) afin de palier à l’absence du chant. Malheureusement nous n’avions pas pris le temps de parler de cette première production, aussi on se rattrape cette année avec la sortie d’un nouvel EP chez les activistes de Monster K7, cette fois en vinyle (accompagné d’une version CD) avec sur une face 5 nouveaux titres de Kawaii, et sur la face B cinq reprises par d’autres artistes Monster K7.

Kawaii est un peu affublé de l’étiquette "toy music" qui est justifiée de par l’instrumentation du duo (glockenspiel, melodica, toy piano, ukulélé, etc...) mais leur musique n’a rien de la comptine pour enfants. On distingue principalement des influences electronica assez marquées, en particulier au niveau du travail rythmique, et d’autre part une approche très pop avec des mélodies tout de suite identifiables et plutôt accrocheuses, mais aussi un complément de guitare qui tend à rapprocher le groupe de la scène pop-rock. A priori le cul entre deux chaises, Kawaii se sort pourtant majestueusement du piège et de la difficulté qu’il pouvait y avoir à marier les genres.
L’album commence un peu mollement, au gré des nappes de mélodica de Le Chaudron, et décolle vraiment avec Caquaka, marqué par une voix expliquant l’origine du nom du Ku Klux Klan et une superbe relance à grand renfort de guitare et syncope rythmique. Les cinéphiles s’attarderont sur Love Love et ses dialogues cultes extraits de La maman et la putain et Miller’s Crossing. Cette fois le duo adjoint ses propres vocalises et nous offrent ici leur plus beau morceau. Si la musique de Kawaii semble toujours empreinte d’une certaine légèreté, c’est certainement du à un ton un peu décalé, le choix de leurs samples, s’amusant à détourner, recomposer, casser leur image de musique pour enfant en prenant l’auditeur à contre pied avec humour noir et cynisme, revisitant par exemple les histoires pour enfants (La petite fille aux allumettes, Le petit chaperon rouge) sur Il était une fois. Starbox terminera cet EP de façon peut-être un peu plus toy-music, toy-electronica dirons nous.
Sur la face B, on retrouve donc ces cinq titres revisités dans des versions plus pop. On notera tout d’abord le joli travail de Spasmodic Joy qui reprend le déjà très réussi Love Love en un Stuck in a Hurricane qui suit à la perfection les montées vocales de la version d’origine avec un chant en anglais. On remarqera que certains artistes se sont vraiment approprié la musique de Kawaii, tandis que d’autres, comme Michael Wookey et Orouni ou Bambino ne font que prêter leur voix, ne contribuant réellement que via leurs intonations et phrasé. À ce propos, c’est certainement l’Australienne Max Maxfield qui s’en tire le mieux, semblant imiter le chant de Bjork sur son étonnant Caquaka B-Side. Flexion Flûte clôture l’album d’honnête manière avec là aussi un réel travail sur leux voix complètement hachées, sorte de collage d’onomatopées.

Énormément présent sur scène depuis un an, Kawaii est actuellement plus actif que jamais. L’occasion d’aller les découvrir si comme nous vous ne les avez toujours pas vu en live. Stylochord est un album qui donne plutôt envie d’en savoir, d’en voir, d’en écouter un peu plus.

Fabrice ALLARD
le 26/07/2009