Carlotta Sagna
31/07/2009
Square des Amandiers,
Paris
Repris dans le cadre du festival Paris Quartier d’Été, après avoir été créé en 2004 à Avignon par Carlotta Sagna, Tourlourou est présenté comme un spectacle au fort potentiel politique puisqu’il nous est indiqué que son titre vient du nom donné aux soldats antillais pendant la première guerre mondiale. Précisément, lorsque Satchie Noro entre sur scène, au rythme d’un tambour de guerre, elle est vêtue d’un tutu façon « camouflage » et arbore un strict chignon et une mine renfrognée qui tranche avec ses ballerines roses. Prenant place au centre d’une petite estrade carrée, semblable à une cible avec ses cercles concentriques, la danseuse quitte pourtant immédiatement ce registre politique pour énoncer quelques considérations convenues sur ce qu’on ferait s’il l’on apprenait qu’on n’avait plus que 24 heures à vivre, ou sur ces petits gestes du quotidien auxquels on ne prête pas d’importance.
Passées ces quelques minutes de monologue statique, la jeune femme tente quelques mouvements de danse classique, agissant par à-coups et frappant ses pointes sur la structure dotée de micros. Il en résulte alors un jeu percussif très sonore, pas si loin du bruit d’explosions (retrouvant ainsi la filiation guerrière) ou allant jusqu’à reproduire la rythmique ternaire de We Will Rock You. Peu à peu, marqués par ces déferlements retentissants, les gestes de la jolie poupée se font plus saccadés encore, comme si son espérance de vie se réduisait comme peau de chagrin. Elle trébuche, tente de se relever, rampe, retombe, et la scène ne nous semble alors plus seulement être une cible, mais aussi un cadran solaire, symbole de ces « heures qui fuient et de la dernière qui tue ». Le chignon se défait, l’expression se détend, la chorégraphie se fait plus contemporaine et la partition enfin plus convaincante.
le 02/08/2009