Sinner DC

C’est en 2005 et avec Arkle Parkle Avenue que les suisses de Sinner DC se sont fait remarqué, signant ensuite chez Ai Records où ils avaient déjà sorti un titre sur une compilation. On suit maintenant leur lente évolution aux croisements de la pop et de l’electronica, avec ici une certaine inclination pour les années 70.

On est d’abord agréablement surpris par l’ambient hypnotique de Go For The Stream, composée de nappes soyeuses, oscillantes, mêlant réverbération de guitare et synthétiseurs, le tout habillant une rythmique binaire et minimale. On se rendra compte par la suite que c’est selon ce même principe qu’a été composé la moitié d’un album qui alterne instrumentaux et morceaux chantés. Des petites variations à chaque fois bien sûr, avec un son plus enlevé, des basses plus marquées sur la lente montée de Golden Horses, de jolies sonorités qui frôlent la saturation sur le lancinant V au tempo ralenti, ou encore un joli duo claviers-vocalises sur Coast qui conclut l’album. Les boucles répétitives sont ici une constante, servent de squelette à de lentes évolutions sonores, l’apparition de petits bruitages, mais c’est parfois un peu trop et Sunrized aux claviers et arpèges on ne peut plus kraut-70s tourne véritablement en rond alors que c’est l’un des titres les plus longs de l’album.
L’autre moitié de l’album est donc composée de chansons, d’une électro-pop plutôt suave. Le charme d’une vieille boîte à rythme sur Anyway, généralement des voix très feutrées comme il nous semble en avoir entendu des dizaines d’autres (Glass Alley), enrichie de vocalises féminines et discrètes voix enfantines sur Digital Dust. Le tube, c’est certainement The Medium is the Message, nettement plus enlevé avec ses basses nasillardes, sa rythmique soutenue, et ses sonorités délicieusement rétros.

Crystallized est un album immédiat et c’est là son problème. Globalement très plaisant, on a l’impression qu’on s’en lassera trop rapidement. On ne boudera donc pas notre plaisir du moment, les fans des Boards of Canada et du label Morr Music devraient même y trouver leur compte, mais au final la dernière production de Sinner DC ne tournera certainement pas suffisamment sur nos platines pour véritablement marquer nos esprits.

Fabrice ALLARD
le 02/08/2009