du 21/04/2006 au 29/04/2006
Teatro Nuovo Giovanni,
Udine
The Shopaholics, de Wai Kai-Fai (HK 2006)
Cecilia Cheung souffre d’une bien grave (et moderne) maladie : elle est shopaholique, c’est-à-dire qu’elle ne peut refréner ses envies d’achats quand elle passe devant un magasin. Heureusement elle va rencontrer un médecin spécialisé dans le traitement de ce type de cas. Sur la voie de la guérison (?), elle est confrontée à un nouveau problème : son coeur balance entre deux hommes (Lau Ching-Wan et Jordan Chan)...
Avec une telle intrigue, on l’aura deviné, le film est une comédie. Sorti à Hong-Kong pour le nouvel an lunaire, il a même des prétentions de blockbuster. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’un tel sujet ne déclenche pas notre enthousiasme. Il était donc dur de faire un grand film à partir de cette histoire, et Wai Kai-Fai n’y réussit d’ailleurs pas.
Il y a cependant de nombreux bons points. Tout d’abord, il nous permet de retrouver Lau Ching-Wan, acteur fétiche de la Milky Way, un peu perdu de vue depuis l’époque où celle-ci produisait des films d’action et des polars (comme Lifeline de Johnnie To ou Expect the Unexpected de Patrick Yau). Ensuite, Wai met tout son talent de scénariste (et depuis son association avec Johnnie To, on sait que ce talent est grand) pour donner au film un rythme effréné. The Shopaholics est l’oeuvre d’un magicien qui donne du plaisir à son public même si celui-ci sait bien que tout repose sur des trucs et de la dextérité. En sortant, on a un peu l’impression d’avoir vu une grande machine tourner à vide, mais on a le sourire aux lèvres.
2 Young, de Derek Yee (HK 2005)
Deux adolescents (Jaycee Fong et Fiona Sit) tombent amoureux, et tentent de vivre une belle histoire malgré leur différence d’origine sociale. Derek Yee oeuvre ici dans le mélo, et s’en tire comme d’habitude avec un film d’excellente facture. Il semble d’ailleurs faire sa spécialité du film de qualité qui épouse les canons du genre auquel il appartient. Déjà avec le récent A Nite In Mongkok, il livrait un polar comme dans les manuels, avec des poursuites et des fusillades (mais pas trop pour rester crédible), le tout saupoudré d’un éclairage légèrement arty. Alors qu’aujourd’hui, les polars, soit on n’en fait plus, soit on pervertit les règles : de la tatane en plus comme Wong Jing dans Sha-Po-Lang, les pistolets en moins comme Johnnie To dans Election.
On a donc la larme à l’oeil en regardant 2 Young. De nombreux obstacles se dressent sur la route du bonheur de nos tourtereaux. Mais ils font face. Les deux acteurs sont crédibles, ce qui tombe bien puisque le film semble destiné à donner un air de respectabilité à leur carrière de produit de la pop-culture HK. Les seconds rôles sont parfaits : les deux pères sont incarnés par Eric Tsang (digne prolétaire chauffeur de bus) et Anthony Wong (riche avocat mais père absent). Pourquoi ne réussit-on pas à s’enthousiasmer complètement alors ? C’est bien fait mais il manque quand même un petit quelque chose. De l’imprévu peut-être.
Isabella, de Pang Ho-Cheung (HK 2006)
A Macau, dans les années qui précèdent la rétrocession à la Chine, la police connaît une vague d’enquêtes internes contre la corruption. On n’en parle quasiment pas dans Isabella, mais c’est ce qui donne son timing au film. Le héros est un policier qui est rattrapé par cette affaire. En même temps, il doit faire face à ce qui constitue le véritable sujet du film : sa fille le retrouve et vient vivre avec lui. Le film est admirablement construit. La suite des procès donne un cadre temporel fort au film, qui s’accélère au fur et à mesure qu’on se rapproche de l’issue inéluctable. La découverte du père et de la fille se fait au contraire par petites touches, en montrant d’informes tranches de vie reliées sous forme de puzzle. Bref comme dans tout film moderne qui se respecte, le spectateur n’a une idée de ce dont on parle qu’à la moitié du film, et encore parce qu’il a tout remis en place par lui-même (ce qui est plutôt un bon point).
Mais cette façon d’être exactement comme il faut pour être maniériste et moderne est finalement ce qu’on peut reprocher au film. Pang ne recule devant aucun truc pour faire arty et accrocheur (il y a un passage « chacun cherche son chien », une séquence so cute avec une enfant et le toutou, un passage dans le monde de la nuit, des amours rapides dans l’appartement bordélique du policier, et plein de mangeage de nouilles dans des boui-bouis). Tout cela fait un peu remplissage à force.
Mais les deux acteurs sont très bien dans leurs rôles. Pour la première fois (enfin elle a commencé à jouer l’an dernier), Isabella Leong ne se contente pas de creuser ses fossettes et de faire risette. Quant à Chapman To, c’est une vraie réjouissance de le voir autrement que dans ses seconds rôles de jeune ahuri : grassouille et dur-à-cuire à la fois, il donne l’impression d’avoir 20 ans de plus que dans Initial D ou Jiang Hu sortis ces dernières années.
Dragon Squad, de Daniel Lee (HK 2005)
Blockbuster d’action de l’an dernier, avec les jeunes pousses du cinéma pan-Chinois. Cinq jeunes éléments venant de différentes forces de police chinoises affrontent cinq gros méchants. Le bien et le mal ont chacun cinq vies, qui gagnera ? 1h40 pour le savoir. C’est vraiment pas très bon, mais entre le gunfight et la tatane, on ne s’ennuie quand même pas trop. En résumé, Sammo Hung avec ses airs de gros chat livre de bien jolis combats, Shawn Yue est toujours aussi beau et ténébreux, mais Simon Yam commence à lasser dans ses rôles de chef imperturbable.
le 06/05/2006