Demetan Meslier

On terminera cette découverte en cinq volumes du label belge FF HHH avec la sortie de l’album de Demetan Meslier qui n’est autre que Grégory Duby, le responsable du label. Un projet solo donc, sachant que par ailleurs Grégory se produit au sein de K-Branding et Jesus is my Son dont on peut logiquement trouver une partie de la discographie chez FF HHH. Après Xavier Dubois et Paranoia Birthday qui nous ont donné une première idée du champ d’expérimentation de FF HHH, quoi de mieux qu’un album du label manager pour affiner l’idée que l’on a de cette structure...

Propriétaire est un album d’improvisations, mais là ou bien souvent impro se conjugue en mode free, avec une musique généralement difficile d’accès, Grégory Duby improvise sans perdre de vue l’intérêt des mélodies, mais sans qu’elle soient non plus un passage obligé. On se retrouve au final avec un album éclectique, mais particulièrement cohérent grâce à la récurrence de certains éléments clés d’un titre à l’autre. L’album est composé de 8 pistes (sans titres !) formant visiblement deux parties distinctes construites sur le même modèle : un titre de 6-7mn suivi de trois plus courtes pièces de 1-3mn. L’album ayant été enregistré en deux jours, on y verra là une construction logique.
On débute avec une superbe ambiance western à base de guitares claquantes et lentes, basses menaçantes, frôlant la saturation, et on retrouvera ce type de son sur la piste 7 alors que des machines semblent petit à petit prendre le contrôle avec souffles, claquements et boucles. S’ensuit quelques passages très free jazz, rapides et approximatifs égrenages de la guitare, coups donnés contre l’instrument (piste 2), et un son que l’on retrouve plus tard (piste 4), incorporant cette fois des pauses, respirations aux sens propre puisqu’il nous semble entendre des soupirs ou expirations de l’artiste.
Les machines sont un peu plus présentes sur la deuxième moitié de l’album, jouant du delay à outrance et accumulant les boucles vocales pour en faire une sorte de drone sur la piste 5, jouant la simplicité en se contentant d’une reverb sur un jeu de guitare très abstrait, créant du coup une belle pièce de guitares ambient (piste 6), ou donnant l’impression de traiter des field recordings en conclusion de l’album pour un résultat sourd et aquatique façon chant de baleines. Par ailleurs l’improvisation acoustique est toujours là, discrète, petits frottements et entrechocs de morceaux de bois, rapides frottements sur les sillons d’un disque vinyle, et guitare acoustique minimale.

Un bel album, court mais riche, éclectique, piochant dans les musiques improvisées, le free jazz, le rock expérimental, les musiques de films, la folk tendance minimale, le tout parsemé d’une électronique discrète.

Fabrice ALLARD
le 23/08/2009