21/11/2002
Glaz’Art,
Paris
Triple affiche américaine ce soir au Glaz’Art avec Jessica Bailiff, à l’occasion de la sortie de son troisième album, toujours sur Kranky, Drekka et Rivulets. Etant nous même impliqué dans l’organisation de ce concert, cette chronique peut faire preuve d’un certain manque d’objectivité, mais nous ne pouvions pas ne pas parler de cet événement.
La soirée commença par une prestation pour le moins surprenante de Drekka. Michael Anderson, installé avec sa guitare acoustique sur les genoux et une batterie de pédales, discman et autres effets à ses pieds, débuta, en effet, son set par une reprise de Spanish Moss de Smog. Par la suite, il nous fit part de ses propres morceaux, sortes de pièces folk déstructurées et expérimentales où il n’hésita pas à mettre en boucle sa voix et à distordre le son de sa six-cordes. On eut constamment l’impression, au cours d’un concert où il repris aussi The Smiths et Low (pour terminer et en duo avec Nathan Admunson alias Rivulets), qu’il essayait d’emmener le public vers une destination connue de lui seul, le prenant presque à rebrousse-poil.
On continua avec Rivulets, artiste signé sur Chair Kickers, le label fondé par Alan Sparhawk de Low. Peu éloigné du trio de Duluth dans son approche musicale, Nathan Admunson nous ravit avec un set d’une finesse absolue et d’une délicatesse sans faille. Capable aussi bien d’être poignant à l’extrême que précis et soigné dans ses compositions, il nous offrit une petite heure de pur délice, piochant ses titres parmi son album et le EP Thank you Reyjkavik, tous deux parus cette année.
S’installant au centre de la scène, accompagnée de sa seule guitare acoustique, Jessica Bailiff entama son set avec You were so close, extrait de son dernier album, sublime ballade traitant de la faculté, à l’approche de la mort, de "voir des fantômes". Ce thème quasi-morbide allié aux subtils arpèges de l’américaine nous firent entrer de plein pied dans son univers. Rejointe pour la suite du concert par Michael et Nathan (qu’elle présenta, ainsi qu’elle-même, sous des noms farfelus pour former le "groupe" "Jessica Bailiff"), elle interpréta des morceaux extraits de ses trois albums, avec une préférence logique pour le dernier. Nathan sut être présent à la basse sans être envahissant tandis que la guitare réverbérée et les effets de Michael vinrent apporter un côté éthéré et aérien à l’ensemble. Alternant compositions calmes et introspectives (For You) et titres plus proches d’un esprit shoegazing (Mary), chansons presque pop (Swallowed) et morceaux où les harmonies vocales faisaient irrémédiablement penser à celles prisées par Low (Crush), elle sut nous toucher et charmer un public recueilli, contemplant, assis devant la scène, le petit miracle musical qui était en train de se produire. Pour terminer magistralement ce concert, les trois musiciens nous proposèrent deux titres rares où Nathan prit la place de Jessica à la guitare qui l’accompagna au chant. Tout d’abord Cave-In, magnifique reprise de Codeine où la guitare de Nathan se fit presque rageuse sur le refrain et In Dream, dans une veine plus paisible et disponible uniquement sur le tour 7".
le 23/11/2002