Un sociologue a récemment établi que la fréquentation de certaines salles de concert constitue un marqueur social chez une frange de la population qui aime à partager codes et habitudes. Probablement avérée (on retrouve effectivement souvent les mêmes têtes dans les mêmes lieux), cette démonstration tendrait cependant à repousser toute idée de mélange des publics. À ce titre, on sait le semi-échec qu’ont été des expériences comme l’implantation de grands théâtres subventionnés dans des villes de la proche banlieue parisienne. Conçus pour permettre aux populations locales d’avoir accès à des pièces classiques comme contemporaines, ces endroits accueillent en vérité davantage de parisiens que de banlieusards pur souche. Dans un ordre d’idées peu éloigné, un an après son ouverture, le 104 n’a pas véritablement réussi à trouver sa place (ni lieu de création avant-gardiste, ni endroit où les habitants du XIXe arrondissement pourraient venir à la rencontre des arts plastiques et vivants) et le départ de ses deux directeurs témoigne de ces difficultés.

En revanche, d’autres initiatives semblent porter leurs fruits, comme l’accès libre aux collections muséales (pour tout le monde dans les musées de la ville de Paris, pour les jeunes dans des grands musées nationaux). De nombreuses personnes accèdent ainsi à des institutions qu’elles n’auraient pas forcément fréquentées en l’absence d’un tel dispositif. Alors que trop de directeurs de lieux culturels clament urbi et orbi, au moment de leur prise de fonction, qu’ils vont renouveler leur public (risquant alors de se couper de leurs fidèles et de ne pas parvenir à capter un nouvel auditoire), il ne s’agit pas de faire de la mixité des publics un préalable absolu, mais de proposer ligne artistique et démarches autres qui pourront, éventuellement, conduire à un tel objectif.

François Bousquet
le 29/11/2009