11/12/2009
Bellevilloise,
Paris
C’était notre première venue à la Bellevilloise, un espace de grande taille avec deux salles dédiées aux concerts, une salle club, et c’est au Forum que ça se passait pour nous ce soir. Une fois de plus on faisait le déplacement pour voir Phoebe Jean et Kirikoo Des dans une configuration nouvelle, mais c’était aussi l’occasion de voir d’autres choses sur un thème bien particulier : Beats & Acoustic.
Derrière cet intitulé, se produisaient des artistes d’univers bien différents, mais créant une musique généralement très rythmique, intégrant des influences hip-hop, ou abandonnant les boites à rythmiques au profit de human beat boxes. C’est le cas de Patrick Biyik qui ouvre la soirée en solo. Le programme annonçait le trio Twin Twin, apparemment chouchous de Leos Carax, mais on découvrira ce soir le projet solo de l’un des membres de Twin Twin. Boite à rythme vocale donc et classique mise en boucle des éléments, percussions et accompagnements, sur lequel il vient poser une jolie voix, douce, suave, produisant une sorte de pop-soul particulièrement groovy.
On est donc plutôt séduit : excellent sens du rythme, mélodies légèrement vague à l’âme, puis il empoigne sa guitare affirmant plus encore une inclination pop-rock. Il nous propose ensuite un titre de hip-hop, mais il se détache des codes du genre avec un jeu de guitare très jazzy et on aura l’impression que l’artiste est en pleine phase de recherche. En effet, s’il a son style, sa façon de jouer de d’empiler ses éléments, on sera gêné par l’effet compilation de ce set, proposant un titre hip-hop, demandant si on veut un morceau de "techno music", flirtant parfois avec le blues, le reggae bref, un manque de direction qui empiète un peu sur la bonne image que nous donnaient les premiers titres. Le set se termine avec un morceau franchement hip-hop avec un phrasé marqué, mais un refrain tout en douceur bref, des contrastes intéressants.
Deuxième set avec NS-Dos, un duo composé de Dal-Gren et Kirikoo Des, qui invitait Phoebe Jean sur scène. Ils en imposent tout de suite par leur style avec des tenues-déguisements improbables, croisement de punk-goth-rap-carnaval et une ambiance feutrée : douceur des sonorités, rythmique minimale qui se développe petit à petit. Comme on l’avait vu précédemment, la danse, le mouvement sont des composantes intégrantes des concerts de Kirikoo Des et Phoebe Jean, mais ils ont besoin d’espace pour ça, et on regrette de les voir un peu coincés sur la petite scène de la Bellevilloise.
Il nous offriront un set d’une trentaine de minutes, composé d’une base musicale relativement figée (boucles rythmiques et synthétiques) sur laquelle l’improvisation donne tout son sens. Du coup au début les artistes semblent se chercher un peu, les textes se limitent un peu trop à la simple énumération de leurs noms, puis on a de très beaux morceaux avec une musique qui peut nous évoquer Vladislav Delay (douceurs minimales) et la voix de Phoebe passée à la reverb, mais aussi quelques passages à vides et longueurs. Pas le meilleur set que l’on ait pu voir de leur part, mais il était toujours intéressant de voir cette troisième facette de leurs travaux en cours.
Vers 21h30, Markus prend place sur scène sous forme d’un duo puisque le beat boxer est accompagné ce soir d’un violoniste/guitariste. Si la musique des deux jeunes hommes s’inscrivait assez logiquement dans la programmation de cette soirée, leur univers musical est peut-être celui qui était le plus éloigné de ces pages. Une nouvelle fois, des rythmiques composées à la voix par Markus, également responsable de toute l’électronique, lançant des samples de sirènes de pompier sur un premier titre très rythmique. Petit à petit, et surtout de part la participation de l’autre musicien (Bertrand), ce set prend une couleur world avec des intonations moyen-orientales intéressantes (violon et pincement de cordes). Intéressant aussi de voir ce type de prestation, ce jeu de human beat box, comme un véritable instrument servant une musique alors que la médiatisation de cette pratique à jusque là largement contribué à en faire cas en tant que pure prouesse, un phénomène de foire, sans réellement y voir une dimension artistique. Toujours est-il que ce soir, la discrétion des deux artistes permis de laisser la place à la musique en mettant de côté tout aspect technique. Les deux hommes assis face à face se contentant de jouer de fort belle manière leur musique, enchaînant dans la mesure du possible tous les morceaux, abandonnant parfois ces accents worlds pour se tourner vers des ambiances plus cinématographique puisque l’on pensera à un moment à Ennio Morriccone. Un très bon set d’une quarantaine de minutes, et puisque l’on découvrit Markus sous forme de duo, on se demande maintenant à quoi ressemble la musique de Markus en solo...
le 12/12/2009