(Sentient Recognition Archive, Basses Frequences)
09/06/2009
Electronique

On connait finalement assez peu de choses de Nicholas Szczepanik, jeune artiste américain, déjà "classé" dans la catégorie "surdoués" et responsable du label Sentient Recognition Archive, une activité qu’il mène par pure passion pour la musique. A peu près trois ans d’activité en tant que musicien, et déjà de très nombreuses productions, MP3, CD-R ou CD. Il s’agit de sa deuxième production chez Basses Fréquences après le mini CD-R Mi Otra Mitad.
On met le CD sur la platine, play, et pendant une fraction de seconde on entend une saturation bruitiste, comme s’il s’était passé quelque chose avant l’enregistrement de l’album. Ensuite c’est le quasi silence, l’extinction, et petit à petit le retour à la vie. Un souffle et une sorte de lointaine résonance métallique, puis un drone puissant, oscillant et d’autres éléments qui viennent se greffer, strates sonores de grésillements, nappes ambient. Si le résultat n’est pas nouveau, le principe a le mérite d’être maitrisé, élaborant ainsi des pièces ambient mystérieuses, avec dans une apparente immobilité une richesse et des mouvements infinis.
Il s’agit là d’un style musical qui passe assez mal le cap de l’écoute distraite. C’est allongé dans le noir que la musique de l’américain prend tout son sens et révèle ses subtilités. Rien ne ressemble plus à un drone qu’un autre drone, mais c’est dans le choix et la juxtaposition des sonorités annexes que The Chiasmus se distingue. Nappes synthétiques sur We Define Everything in Desperation et The Silhouettes of a Winter’s Sunset, résonance métallique façon bol tibétain sur Temporary Inundation of Sleep by Open Windows, ou oscillations mélodiques sur le superbe Lose Yourself... de près de 20mn. Finesse et précision sont ici au sommet et effectivement, l’auditeur se perd dans les nappes tournoyantes de ce dernier morceau. Et puis régulièrement, quelques micro bruitages se font entendre, une voix traitée, cliquetis de gouttes de pluie, bribes de field recordings ajoutant encore au mystère. Et puis comme une erreur, après une heure d’apaisement, Lose Yourself... se termine par 3 secondes d’une basse saturée, la même qui ouvrait l’album, créant ainsi une sorte de parenthèse, de bulle protectrice.
Dans le même esprit que la musique, le CD est accompagné d’un superbe livret de 16 pages de photos d’architecture dans lesquelles on retrouve les composantes de la musique de Nicholas Szczepanik : minimalisme et motifs répétitifs.
Album ambient-drone par excellence, The Chiasmus séduira les amateurs du genre. Il manque pour nous un petit quelque chose pour en faire notre disque de chevet, mais en tant que premier disque que l’on écoute de Nicholas Szczepanik, on reconnaîtra que celui-ci attise notre curiosité et donne envie de se pencher sur ses autres travaux. A suivre donc !
le 10/01/2010