Intertext n°1 : Perrine en Morceaux + Marin Favre

 date du concert

26/01/2010

 salle

Société de Curiosités,
Paris

 tags

Perrine en Morceaux / Société de Curiosités

 liens

Société de Curiosités
Perrine en Morceaux

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On découvrait Perrine en Morceaux en juin dernier, invitée par Hervé Boghossian à la Société de Curiosités. Petite collaboration à deux, et puis un superbe concert solo sous forme de chansons électroniques, à la fois fragiles et pince sans rire. Si la jeune femme est très active et régulièrement présente sur scène, nous n’avions malheureusement pas eu l’occasion de retourner la voir depuis, aussi on profitait de la première de ce projet Intertext pour la revoir dans une autre configuration, se prêtant au jeu de l’improvisation afin de rechercher ce qui peut faire chanson.

Une approche complètement différente donc. Au lieu de l’enchainement de chansons écrites, du solo qui permet de tout maitriser, Perrine en Morceaux se met en danger avec l’improvisation, mais elle est ici en excellente compagnie puisque c’est Marin Favre qui est l’invité de ce premier Intertext. On ne connaissait pas le travail de cet artiste mais il ne nous faudra pas longtemps pour apprécier son expérience dans le domaine, permettant du coup de relativiser le danger de l’expérience. La jeune femme est donc au chant, textes et machines (pédale d’effet, samples) tandis que Marin Favre se produit à l’udu (une percussion nigérienne), bols, violon mais aussi à la voix.

Marin Favre / Perrine en Morceaux

_ Les éléments sont un peu long à se mettre en place, le duo ne semblant pas trop savoir par où commencer. Le moteur d’un camion dans la rue vient perturber cette introduction difficile, et Marin Favre en profite pour frapper régulièrement son udu, semblant imiter le bruit du moteur. L’électronique vrombi, Marin produit des onomatopées tout en continuant à frapper son instrument et les premiers mots de Perrine seront une sorte d’introduction, un rappel des mails annonçant la soirée, faisant le lien, la transition entre les jours précédents, le quotidien des spectateurs, et l’instant présent, le concert. "On sait pas ce qu’on va faire", "On a changé d’avis", "On n’a pas répété", tel est le contexte de ce concert qui est pour eux une "toute deuxième fois", chanté sur un air connu car la jeune femme ne manque pas d’humour. On relativisera ensuite sur le caractère improvisé de la performance, Perrine ayant devant elle un classeur plein de textes, écrits par elle ou récupérés par ailleurs comme cet extrait d’un édito du journal "Le Parisien", expliquant la hausse du prix du quotidien. D’un autre côté Marin fait preuve d’une écoute incroyable, jouant les samplers humains, piochant des mots clés de Perrine pour les répéter, les replacer, les faire résonner un peu plus tard, ou bien au second plan pendant une chanson de Perrine.
Des chansons ? Oui, plein ! Encore faudrait-il s’entendre sur le terme, sur ce que l’on met derrière le mot chanson, mais pour nous ces textes structurés, même sans refrain, formant un tout cohérent, étaient autant de chansons contemporaines traitant du quotidien, de l’intime, de la relation aux autres, tournant en dérision notre société contemporaine. Une certaine légèreté parfois, avec un humour pince sans rire mais aussi des passages plus posés faits de douceur et de poésie, que ce soit dans les textes ou dans la voix, se samplant en direct pour superposer des chœurs soyeux.
Marin fait tinter ses bols ou passe un archet pour les faire résonner, puis il prend son violon, à la fois grinçant et mélodique, tout en continuant à faire le lien entre l’écrit et l’improvisé. Le final ressemblera beaucoup au début du concert : instrumentation plus minimaliste avec Marin revenant à l’udu et Perrine chantant a capella : "on essaye, de faire une chanson", alors qu’elle connaissait déjà une partie de la réponse "pour faire une chanson / il ne faut rien faire".

Si tout comme les artistes, on ne savait trop à quoi s’attendre en arrivant à la Société de Curiosités, on réalisait assez vite que l’on retrouverait ici l’univers des deux artistes, les chansons de l’une, les improvisations, expérimentations et accidents du second. On prend déjà rendez-vous pour le prochain Intertext.

Extrait :

Fabrice ALLARD
le 30/01/2010

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