Suzan-Lori Parks
Cristèle Alves Meira
du 11/3/2010 au 27/03/2010
Théâtre de l’Athénée,
Paris
Pour rendre compte de l’histoire de celle qu’on a appelé « La Vénus Hottentote », Suzan-Lori Parks a choisi de commencer par le décès de cette jeune femme emmenée d’Afrique du Sud en Angleterre pour y être montrée comme une bête de foire, en raison de son derrière proéminent. Si la dénonciation de l’esclavage, de la traite des noirs et de ce genre de « spectacle » n’est pas particulièrement téméraire en 2010, la dramaturge avance voir des résonances contemporaines dans le destin de Saartjie Baartman, convoquant un article de Salon Magazine de novembre 2008 dans lequel Michelle Obama est vue comme une Vénus de notre temps avec son « derrière rebondi » ; opportunisme, quand tu nous tiens…
Agencée en flashes-back, avec un narrateur qui, arpentant le proscénium, introduit chaque scène en en faisant un décompte décroissant, la pièce peine à se sortir de cette structure finaliste. Voulant à tout prix faire de la Vénus une icône et un symbole, le texte passe aussi par une large phase de mise en abyme : le public regardant des gens venant assister à la monstration d’un phénomène. Attendue, cette dimension fonctionne cependant sans difficultés, avec toute la gêne qu’elle peut habilement procurer.
Inspirée par le jazz et sa forme répétitive, Parks fait se réitérer plusieurs situations (foule haranguée par la Mère montreuse de phénomènes, Vénus dansant sous les yeux du public, brimades) tandis qu’un mini-chœur composé de trois comédiens répètent quelques passages, parfois même dits en même temps par le trio. Une lourdeur certaine et insistante naît alors, pendant que reviennent, à intervalles réguliers, des lectures d’archives (historiques, littéraires ou extraites de petites annonces).
À cette multitude de voix et de sources répond sur le plateau une multitude de matériaux intégrés par la mise en scène : petits films, nombreux rideaux, tournette, coulisses visibles, mini-caméra dont le film est retransmis en direct sur l’une des tentures dressées au milieu du plateau… Tant et si bien que le propos, déjà assez riche, n’est en rien allégé par Cristèle Alves Meira et que le spectateur finit par se lasser et perdre toute empathie envers l’héroïne.
le 15/03/2010