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Portland Stories est une compilation de 9 titres purement folks, concentrée sur la scène musicale de Portland dans l’Oregon, extrêmement riche vu le nombre d’artistes venus de cette ville. Rien d’électronique ici mais cette chronique s’inscrit dans notre suivi du label berlinois Sonic Pieces. C’est Heather Woods Broderick, sœur de Peter, originaire de Portland, qui s’est chargée de la sélection, proposant elle également un dernier titre.

A la première écoute, on aura l’impression que de nombreux morceaux ont été enregistré en live. C’est en lisant les notes accompagnant le disque que l’on comprendra le pourquoi de cette impression. La petite histoire nous dit que Heather Woods Broderick a pris son vélo, magnéto 4 pistes sous le bras, allant à la rencontre de 8 artistes locaux afin d’enregistrer chez eux, dans leur salon ou devant leur porte. Qu’importe le potentiel folklore de l’anecdote, celle-ci colle parfaitement au disque et ajoute encore un peu à l’aspect intimiste de la compilation.
C’est Kele Goodwin qui ouvre le disque avec un jeu de guitare très classique, une voix douce, et au final une certaine légèreté qui sied à son histoire de cerf-volant qui ne veut pas voler. On regrettera quelques titres que l’on qualifiera de "déjà vu" comme le Halfway There de Michael Elias ou le Into the Night de Nicholas Archibald Marshall. On aura également droit au cliché country-folk avec le My Park Bench de Town Rill, le projet de Birger Olsen, la voix grave teintée de blues.
Northeast Kingdom de l’artiste complète Sarah Winchester joue alors sur le contraste. Coincée entre deux morceaux très classiques, son chant marque tout de suite, particulièrement riche, à la fois doux et empreint d’une certaine rugosité, la guitare semblant s’attarder par moment pour se faire rythmique plus tard. A l’écoute de MayMay, projet solo de Laurel Simmons (membre de Loch Lomond aux côtés de Heather et Peter Broderick), on se dira que les femmes ont plus de facilité à faire partager les émotions. The Fall fait preuve d’une certaine douceur et parvient à faire passer quelque chose sans forcément se faire démonstratif.
Nos coups de cœur se porteront pourtant sur deux autres artistes : Rauelsson tout d’abord avec son Liebre qui use de la même douceur, plaçant des chœurs entre ses couplets, et bénéficiant d’une certaine originalité avec son chant en espagnol. Galveston ensuite, Chris Ashby de son vrai nom, pour ses belles envolées de voix et sa manière de rythmer son morceau. On terminera avec celle qui est à l’origine de la compilation, Heather Woods Broderick qui nous propose un très beau morceau, très posé, flirtant avec les silences, dont la voix bénéficie de la reverb particulière du lieux de l’enregistrement.

Une très belle compilation, naturellement très intimiste, dans un toujours très bel écrin puisque le boitier est entièrement fait main comme pour toute sortie du label Sonic Pieces.

Fabrice ALLARD
le 13/03/2010