Koutaro Fukui

Koutaro Fukui est un jeune japonais que l’on découvre grâce à SEM label qui déjà il y a quelques années produisait son Between Objects sur EKO netlabel. Né à Nagoya et débutant sa carrière musicale en 1999 à Chicago, c’est aujourd’hui basé à Tokyo que Koutaro Fukui poursuit son œuvre, travaillant notamment pour le cinéma et la vidéo.

À l’image de la pochette, Koutaro Fukui produit une musique claire, limpide, précise et millimétrée, que l’on a très vite envie de rapprocher de Ryoji Ikeda même si contrairement à ce dernier, les longs développements et l’apparition de sonorités plus douces permettent d’éviter le style clinique. En effet la musique du Japonais fait preuve d’une certaine humanité et d’une approche plus cinématographique, rapprochant cet album de la bande son d’un spectacle de Dumb Type (collectif au sein duquel on retrouve Ryoji Ikeda, produisant des spectacles de théâtre contemporain, associant danse, musique et vidéo).
On fera d’abord un parallèle entre le premier et le dernier morceau de part leur durée (respectivement 18mn et 15mn) et leur style similaire. Gently débute par de longs silences, souffles, crépitements, quelques claquements épars issus d’un laptop, puis une organisation des éléments venant construire une rythmique aride. Dégringolade de claquements sourds et cliquetis, basses arrondies, nappes et bleeps mélodiques et piano lointain pour une ambiance propice à la rêverie. L’oreille n’est pas guidée, pas captivée par une mélodie, juste flirtée par de belles sonorités qui semblent être égarées mais qui fonctionnent pas si mal que ça ensemble, donnant l’impression que Koutaro Fukui a voulu laisser une part de hasard dans sa composition ou au moins suggérer cette liberté auditive, ce doux flottement. The Conception qui clôture l’album en reprend le principe puisque l’on retrouve tout de suite ce piano réverbéré et des bleeps épars, avec une approche rythmique beaucoup plus douce et un long final ambient qui termine l’album.
Entre ces deux longues pièces, on trouve Touching (plus de 9mn tout de même) qui se situe dans une veine ambient plus classique, débutant effectivement pas des nuages de grésillements et des bleeps cliniques avant d’intégrer de superbes nappes mélodiques, faisant penser à des drones d’accordéon, lentes et tristes, venant jouer le chaud et le froid.

Petit à petit le label SEM pose ses briques, alliant ouverture et qualité. Cette 5ème référence d’une tonalité plus électronique vient enrichir de superbe manière le catalogue du label.

Fabrice ALLARD
le 24/04/2010