du 19/02/2010 au 02/05/2010
Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris,
Paris
Entre photographie et art abstrait, Jan Dibbets propose, depuis une quarantaine d’années, une œuvre faisant en permanence état d’une grande contemporanéité : héritée du minimalisme des années 1960, développée aux côtés du Land Art des années 1970, elle peut aujourd’hui s’analyser d’un point de vue plus scientifique, quasi mathématique. De fait, les réalisations du Néerlandais semblent énoncer une grande simplicité apparente, mais résultent en réalité d’un énorme travail de construction. Cette approche scientifique se manifeste par la présence de croquis, feuilles graduées et dessins préparatoires, soit de manière autonome, soit en-dessous des photos elles-mêmes. Si la juxtaposition de photos de terre et de mer fonctionne parfaitement mais peut s’avérer un peu simpliste, les compositions comme Comets ou Negative Mountain/Sea impressionnent par leur capacité à imprimer un mouvement à des paysages fixes.
Cette rigueur mathématique dans le placement de son appareil photo et dans cette volonté de travailler par série n’empêche pas Dibbets de se faire plus léger, jouant même avec le spectateur. Ainsi, dans Blue Line, celui-ci pense ne voir qu’une ligne bleue, alors qu’il s’agit en fait de douze photos d’horizons maritimes disposés tête bêche. Même agilité décalée avec les séries Land Horizon 0-135° et Sea Horizon 0-135° dans lesquelles la ligne d’horizon subit une inclinaison progressive et met ainsi le spectateur dans une situation proche de celles des montagnes russes. Plus loin, un œil-de-bœuf en trompe-l’œil (Tollebeek) abuse le visiteur qui termine l’exposition par deux vidéos (Horizon II Sea et Horizon III Sea) faisant presque l’effet d’un mal de mer en penchant la caméra comme est penché l’appareil photo. Ainsi, tandis que le Land Art nous paraît souvent manquer de densité et d’âme, Jan Dibbets le confronte à des considérations à la fois plus conceptuelles et plus poétiques.
le 26/04/2010