16/12/2002
Théâtre de la Ville,
Paris
Nous avions d’abord entendu parler de Bang on a Can il y a quelques années alors qu’ils interprétaient dans une version acoustique le Music for Airports de Brian Eno. Leur passage au Théâtre de la Ville est un événement moindre puisqu’à la manière du Kronos Quartet ou de l’ensemble Ictus, ils viennent interpréter diverses oeuvres classiques contemporaines, occasion pour nous de découvrir quelques compositeurs aux diffusions restreintes.
Percussions, violoncelle, piano, tel sont les ingrédients de base du Cheating Lying Stealing de David Lang. Une musique très compacte, ramassée et saccadée, formée de petites phrases mélodiques et rythmiques, répétitives selon un rythme variant au fil de l’interprétation. Une introduction très abordable au concert avec un morceau qui donne envie de s’intéresser aux travaux de ce compositeur, également co-fondateur du Bang on a Can festival avec Julia Wolfe et Michael Gordon.
C’est justement avec Michael Gordon que l’on continue, et son I Buried Paul. Cette deuxième pièce musicale un peu plus difficile à appréhender où violoncelle et clarinettes s’enchevêtrent selon encore une fois un rythme irrégulier, fait d’accélérations et de cassures appuyées par la batterie qui apportait la part de rock.
Cette courte première partie se clôtura avec le superbe New York de Julia Wolfe. Celui-ci donnait la part belle aux cordes, mais tous les instruments jouaient de concert en défendant la même cause : roulements de grosse caisse, cascade de notes de piano pendant de petites accélérations et montée en puissance avant de redescendre à un niveau plus calme. Il en résultait une certaine montée de tension au fil du morceau dont chaque point culminant se voyait toujours dépassé mais sans jamais connaître une explosion fatale. Celle-ci arrivera finalement alors qu’on ne l’attendait plus, servant de transition à un fin plus free, mais ou chaque instrument gardait une importance également, comme si au final dans ce chaos apparent l’ordre était respecté.
Après un entracte d’une quinzaine de minutes, rendez-vous est donné avec le Electric Counterpoint de Steve Reich. On ne s’attardera pas sur le sujet étant donné que l’on a déjà vu cette oeuvre jouée en concert cette année. On reste partagé sur le morceau qui alterne finesse de composition et sonorités cristallines avec des passages moins inspirés. On aura toutefois plaisir à voir ce guitariste seul sur scène, très à l’aise et apparemment content d’être là.
La suite fut un peu plus difficile puisqu’il s’agissait d’une uvre de Glenn Branca, intitulée Movement Within. Le compositeur fabrique ses propres instruments, ou transforme des guitares avec des accordages hors norme. Mais pour la plupart, ces instruments sont ici samplés et donc joués sur des claviers d’où un intérêt moindre. La musique était un mélange de sonorités claires, des tintements, tous assez longs et relativement proches, provoquant rapidement une certaine lassitude qui dut se prolonger une vingtaine de minutes.
Pour terminer, Horses of Instructions de Steve Martland, très énergique, empruntant tantôt au jazz, tantôt au rock, avec pour commencer un dialogue qui s’établit entre la guitare et le piano, en guise d’introduction à cette rencontre des genres qui ne nous convaincra malheureusement pas totalement.
Un petit rappel avec Player Piano Study #3a de Conlon Nancarrow arrangé par Evan Ziporyn clarinettiste de Bang on a Can.
Au final un concert sympathique avec quelques belles découvertes.
le 24/12/2002