03/02/2003
Instants Chavirés,
Montreuil
Phill Niblock, un nom déjà entendu, comme une référence, mais que l’on n’avait jamais vu, que l’on ne connaissait pas avant ce soir. Dès que l’on entend parler de drone, on tend l’oreille, on est susceptible d’être intéressé, alors on a fait le déplacement jusqu’à la petite salle de Montreuil pour ce concert qui prenait place dans le cadre d’une semaine chargée puisque tous les soirs voyait venir un nouvel artiste.
On arrivera malheureusement un peu en retard. Un seul artiste à jouer ce soir, mais le concert commençait quand même bien à l’heure. Heureusement, la musique de Phill Niblock n’est pas vraiment sujette à perdre beaucoup de son effet même si on en rate quelques minutes. Alors que l’on s’installe, la salle est plongée dans le noir, un mur recouvert de projections : des hommes travaillent dans un pays en voie de développement, travaux manuels, cordonnerie, tissage, pêche, fabrication de briques, etc...
On ne voit personne sur scène, la musique semble n’être alors qu’une diffusion. Une grosse nappe relativement linéaire sur laquelle se superposent d’autres tonalités généralement plus aiguës. C’est beau, apaisant, mystérieux.
Après ce premier morceau qui semblait accompagner les films, Phill Niblock et Kasper Toeplitz prennent place sur scène, ce dernier avec une guitare et un archet. Il recrée le même genre de musique. Un laptop diffuse la base, sur laquelle il superpose plusieurs couche formant une musique calme, mais qui devient inquiétante sur la longueur. Les tonalités plus aiguës semblent créer une tension qui reste contenue, tandis que la côté linéaire de sa musique tend à apaiser, voire même assoupir. Il prolonge ainsi ses morceaux à l’infini, une vingtaine de minute pour celui-ci, et un peu plus de trente minutes pour le suivant sur lequel un e-bow remplace l’archet.
Arrivé là, on se dit que cela suffit, mais il continue. Pourtant on ne le regrettera pas puisque ce dernier morceau, sur lequel le musicien alternait ou mélangeait archet et e-bow fut aussi le plus varié, celui sur lequel l’amplitude des tonalités était la plus grande.
Voilà le genre de concert à voir au moins une fois, c’est une véritable expérience pour amateur de paysages désertiques, mais de préférence confortablement assis pour mieux se laisser emporter par ses mélopées soyeuses.
En guise de conclusion, un superbe film noir et blanc réalisé par Phill Niblock, sur une musique de Sun Ra. Image très contrasté, montage rythmé, l’ensemble donnant vraiment l’impression de bouger au même rythme que la musique.
le 09/02/2003