du 19/11/2010 au 23/12/2010
Fondation d’entreprise Ricard,
Paris
À mi-chemin entre architecture et arts plastiques, la trajectoire de Louidgi Beltrame le conduit à s’attacher à des villes nouvelles (Brasilia) ou disparues. C’est à cette seconde catégorie qu’émarge l’exposition Energodar, signifiant « don de l’énergie » en russe mais aussi nom d’une cité située à proximité d’une centrale nucléaire. Centré sur cette ville, le travail de Louidgi Beltrame peut se lire comme un mélange de nostalgie, fascination et critique.
Nostalgie tout d’abord en ce que sa volonté de rendre compte d’un passé révolu se teinte d’une forme de mélancolie qui passe très nettement dans le film Energodar, pièce centrale de l’exposition. Avec sa voix off testimoniale, ses vues type balade dans une ville vide et ses scènes dans lesquelles subsistent quelques jeunes gens se baignant avec insouciance, le court-métrage de trente-six minutes paraît regretter cet abandon. De même, le wall-painting qui ouvre l’exposition rend hommage au rock soviétique des années 1980 et à l’esthétique marxisante.
Fascination technique ensuite avec la salle où sont présentées des plaques de cuivre reproduisant des images d’architecture, entre plans de construction et propagande soviétique. En regard de ces six plaques, Beltrame a tracé, à l’encre sur du calque, un Plan axonométrique des blocs, histoire de rendre hommage au constructivisme de l’époque.
Critique des illusions perdues enfin puisque le court-métrage s’attache donc à Enerdogar, ville fantôme car située à proximité de Tchernobyl, comme tant de villes « Atomgrads », créées de toutes pièces pour servir de cités-dortoirs aux ouvriers des centrales nucléaires. La catastrophe de 1986 sonna, à cette aune, comme une double alarme : dangerosité d’installations vétustes et risque encouru par le voisinage.
le 30/11/2010