16/03/2003
Fylkingen,
Stockholm
Fylkingen est une association qui organise des concerts et performances a Stockholm depuis 1933 ! La liste des musiciens invités ressemble à un who’s who des musiques électroacoustiques du XXe siècle, de John Cage à Luciano Berio, en passant par Derek Bailey et Lokomotiv Konkret.
Aujourd’hui située dans une ancienne usine avec vue sur la vieille ville de Stockholm, elle accueille ce soir une soirée programmée par une autre association dédiée aux musiques électronique, "The Nursery". La salle est confortable, les spectateurs peuvent choisir de s’enfoncer dans des canapés pour assister au concert, ou bien de rester discuter dans une pièce séparée où se trouvent stand de disques et bar bon marché.
Annoncé comme le dernier groupe de punk norvégien, Skarnpage comprend deux musiciens. Le guitariste fait de jolis soli pour accompagner un lecteur cd qui diffuse la majeure partie de la trame sonore, une sorte de hillbilly survolté. Le chanteur, dont la coupe de cheveux témoigne de son amour pour les footballeurs allemands des années 70, court dans toute la salle, saute de chaise en chaise, et manque de tomber à maintes reprises. C’est très court, donc ça ne lasse pas, et ils sont déjà repartis qu’on se demande encore ce qui vient de se passer.
Noxagt viennent eux aussi de Norvège. Il s’agit d’un trio violon / basse / batterie qui pratique une musique instrumentale. Cela rappelle beaucoup des groupes américains comme Don Caballero : la batterie est très présente, et martèle le rythme. L’originalité vient bien sûr du violon, dont le son est trafiqué par de multiples pédales d’effet.
La tête d’affiche de ce soir est Radian. Les trois autrichiens commencent calmement, le batteur joue en frottant ses baguettes sur son instrument, le bassiste lance quelques notes qui nous parviennent dans un gros souffle dû à l’amplification, et la majeure partie de la masse sonore est produite par le dernier membre du groupe, grâce à des appareillages électroniques. Une des principales qualités de la musique de Radian est de forcer l’auditeur à vraiment l’écouter : un rythme démarre, notre oreille prévoit déjà la structure du morceau qui va suivre (la faute à quoi ? toujours les mêmes motifs dans la musique en général ?), et puis voilà, ça ne se passe pas du tout comme nous l’avions prévu, le morceau qui s’annonçait est abandonné. Et puis survient un bruit ou un rythme déjà entendu quelques secondes auparavant, comme si la structure du morceau était allongée au-delà des capacités de notre mémoire immédiate. Cela nous oblige à prendre du recul par rapport au concert, à chercher des formes à l’échelle du morceau, et non plus simplement des riffs accrocheurs.
Quand par la suite ils s’énervent un peu, le bassiste se levant pour suivre le rythme des tubes de leur dernier album Rec.Extern, ils poursuivent cette attitude, dés que le morceau semble en place, il s’effondre déjà, le batteur vient de changer le rythme. Il faut le dire, ils sont servis par une sonorisation parfaite qui rend distinctement l’apport de chacun des musiciens.
le 20/03/2003