25/03/2003
Galerie Eof,
Paris
Bult / Evil Moisture / Galerie Eof / Music2eye / The Boids Band
Nouvelle soirée à la Galerie Eof, organisée cette fois par Eva Revox pour une programmation électro-impro-noise mêlant étroitement images et sons puisque la plupart des lives proposaient des projections, que ce soit des images générées en direct ou une prestation de VJ.
C’est The Boids Band qui ouvre le bal, groupe composé de ezDac (plus connu sous le nom d’Erich Zahn pour ses productions au sein du label Evenement !, et Currupt !, pseudo derrière lequel se cache Christophe Buffet.
Deux laptops et des projections, des images de tour de France qui se transforment en quadrillage plus ou moins dense en fonction de la musique. Celle-ci est très variée et très axée sur la rythmique qui s’emballe et s’arrête brusquement pendant que de petites nappes synthétiques tentent un apport mélodique. Cela reste très expérimental mais pourtant accessible, parfois même très joli quand quelques notes proches d’un métallophone se font entendre alors qu’à l’écran apparaissent de petites croix éparses rendant impossible la reconnaissance de l’image de base. Image et musiques se promenaient ensemble quelque part entre concret et abstrait.
On passe ensuite à Bult, soit un français et un belge qui se sont rencontrés par laptop interposé derrière lesquels ils se produisaient ce soir. Un set de 20 minutes, bruitiste et inquiétant, avec pour trame un drone grave sur lequel viennent se greffer des crissements métalliques. Ambiance industrielle mise en image par deux webcams qu’ils manipulent en direct, filmant l’écran de leur laptop ou l’écran de projection en fausse couleur. Il ne s’en dégage que des formes abstraites, comme s’il s’agissait là de l’aura des machines.
Court mais parfait.
Ce fut ensuite au tour de Boring Machine (David Steinberg), entouré de machines qui ne sont pas forcément des instruments de musique. Pas de laptop ici, et une musique beaucoup plus calme, avec de long passages plutôt ambient et abstraits basés sur de petites boucles de gargouillis, et parfois une petite mélodie plus classique, plus electronica composée sur Gameboy.
Les projections étaient assurées par le collectif Music2Eye mêlant vidéo et animation, généralement bien adaptée à la musique, que ce soit au début avec des images de machines, de jouets, avec la Gameboy en guise de lien, ou plus tard avec des immeubles filmés de nuit, et les lumières des appartements qui s’allument au rythme des petites notes mélodiques. Un set parfois très agréable, généralement habile, mais qui fut un peu long avec des passages moins inspirés (formes géométriques en fil de fer notamment).
Pyo ensuite eut un peu de mal à garder l’attention du public qui avait peut-être envie de se désaltérer après le long live de Boring Machine, mais ce fut aussi le premier artiste à jouer sans projections capables de retenir le public. Du coup la salle se vide au gré de ses cliquetis bruitistes et sifflements stridents. Dommage que le volume sonore soit aussi élevé car les composantes de la musique de Pyo étaient à la base plutôt calmes et fines.
On quittera alors la salle enfumée pour prendre un peu l’air.
On reviendra pour Evil Moisture, le projet d’Andy Bolus, soit un set gentiment bruitiste avec vieux synthés et autres machines. Il s’amuse avec ses jouets, fait beaucoup de bruit devant un public en extase parce que conquis d’avance, et quelque chose nous échappera lors de cette performance.
Autre mauvaise surprise, les lumières allumées... pour mieux voir la "star" ? Il ne peut même pas bénéficier de l’excuse du fait qu’il ne joue pas sur laptop puisque Boring Machine ne voyait pas mieux ses machines dans la pénombre. Eclairages d’autant plus mal venus qu’il y avait des projections, encore une fois assurée par Music2Eye.
On regrettera de voir les mêmes images que lors du concert de Boring Machine, mais on pu pleinement apprécier l’effort de synchronisation dans cette performance improvisée. De toute façon le public ne regarde pas les projections puisqu’il n’a d’yeux que pour Andy.
le 26/03/2003