30/03/2003
Maison de la Radio,
Paris
Ce ne sont pas les occasions qui manquent à Pierre Henry pour faire des concerts, alternant prestations technoïdes pour grand public (14 juillet, fête de la musique) et musique plus expérimentale, que ce soit pour les 50 ans de la musique concrète en 1998 ou pour les 75 ans du compositeur ce week-end, durant lequel il faisait quatre concerts, présentant par la même 3 nouvelles créations.
Puisque nous avions déjà opté pour Fischerspooner samedi, c’est dimanche que l’on se déplaçait à la Maison de la Radio, pour la dernière séance, à 18h. Séance lumineuse composée de Pierres Réfléchies, Prisme, et Duo, une création.
Ayant déjà assisté à un concert de Pierre Henry dans la superbe salle Olivier Messiaen, on n’est pas surpris par la configuration de celle-ci : Pierre Henry est au niveau de la console de mixage, au milieu du public, tandis que trônent sur scène une cinquantaine d’enceintes, judicieusement disposées, semblant former un orchestre dont Pierre Henry serait le chef.
Le concert commence avec Pierres Réfléchies, une oeuvre de 1982 en hommage à Pierre Schaeffer. Composées à partir de 5 notes d’instruments à vent (flûte, tuba, hautbois...), ces pierres ressemblent à des cristaux tellement le son est clair. Les notes se superposent à l’infini, et se déclinent en neuf mouvements parfois un peu semblables, basson et tuba apportant à d’autres moments une dimension plus grave.
On appréciera particulièrement le dernier mouvement, plus épuré, plus équilibré, les bassons servant à rythmer pendant que les flûtes assuraient une mélodie continue.
Les applaudissements fusent, Pierre Henry s’assoit quelques secondes et enchaîne avec Duo, une création dédiée à Maurice Béjart et composée en majeure partie de sons de larsen. Le résultat est assez étonnant, ce son agressif devient ici un sifflement harmonieux, parfois grave, tournoyant à l’infini nous plongeant dans des abîmes colorés par quelques notes de piano semblant provenir de toute part.
Comble de la finesse, après ce voyage extraordinaire, le compositeur ne manque pas de nous ramener à la case départ en terminant cette pièce par la même note de clavecin qui ouvrait ce Duo.
On terminera avec le plus vieux morceau de cette sélection, soit Prisme, le final d’un opéra futuriste de 1973, dansé par Carolyn Carlson. L’intro de cette pièce nous surprend par sa modernité, ses sonorités électroniques brutes et industrielles nous donnent d’abord l’impression d’entendre du Pan Sonic avant de passer à des voix d’opéra.
Si les deux premières parties de se concert étaient très instrumentales, ce Prisme est aussi le morceau qui utilisait le plus de sonorités concrètes, le plus de bruits connus, enchevêtrés dans une musique électronique relativement abstraite.
On ne pourra pas comparer avec les trois autres concerts, mais cette sélection offrait un panorama déjà large de l’oeuvre de Pierre Henry, trois pièces de qualité que l’on pouvait écouter dans d’excellentes conditions.
A noter que Pierre Henry va fêter son anniversaire à plusieurs reprises cette année, pour finir du 10 au 14 décembre 2003 à la Cité de la Musique.
le 01/04/2003