Kronos Quartet

 date du concert

07/05/2003

 salle

Théâtre de la Ville,
Paris

 tags

Kronos Quartet / Théâtre de la Ville

 liens

Théâtre de la Ville

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Comme chaque année à la même époque, le Kronos Quartet passe au Théâtre de la Ville avec cette année deux dates pour explorer le lien entre son et image. Plus qu’un simple concert, le Kronos Quartet a imaginé pour chaque morceau un apport complémentaire visuel par divers procédés, donnant immédiatement une impression différente de la musique en la transposant dans un univers particulier, en reportant notre attention vers des projections.

On rentre tout de suite dans le jeu avec le Pendulum Music de Steve Reich. Les quatre musiciens arrivent sur scène, prennent chacun un micro suspendu par son fil, le relâchent, provoquant un mouvement de pendule faisant passer chaque micro devant un haut-parleur placé à sa verticale. A chaque passage, un court larsen de différentes tonalités se fait entendre. Petit à petit le mouvement se fait plus lent, les micros passent un peu plus longtemps devant les haut-parleurs, et chaque note devient plus longue, jusqu’à l’obtention d’un accord continu qui marque la fin du morceau. Visuellement, des spots projetaient l’ombre de chaque micro en fond de scène, ceux-ci apparaissant et disparaissant à chaque fois qu’ils entraient ou sortaient du cône de lumière.
Enchaînement immédiat avec John Zorn et l’ambiance très cartoon de Cat O’Nine Tails, sous titré Tex Avery rencontre le Marquis de Sade, avec une succession d’ambiance et de styles différents évoquant parfois les musiques de dessins animés. Animation assurée par Tex Avery qui fit son apparition sur l’écran en fin de morceau. Cette année le Kronos Quartet s’appuyait régulièrement sur des enregistrements, comme sur Three Movements from How it Happens de Scott Johnson sur la voix du journaliste I.F. Stone étonnamment chantante.

Autre curiosité visuelle, les sculptures sonores de Harry Bertoia, utilisées pour deux morceaux de Mark Grey. Longues sonorités métalliques et cristallines pour ces deux pièces ambient inquiétantes.
Les quatre musiciens se placèrent ensuite derrière un écran qui s’avéra translucide pour interpréter la musique du film de Robert Wise, Le Jour où la Terre s’arreta, composée par Bernard Herrmann. Magnifique musique faite d’envolées de cordes et de passages plus calme avec de délicates sonorités électroniques. Le Kronos Quartet semble alors incrusté au milieu d’un film montrant les musiciens en train de jouer pour un résultat très réussi.
C’est ensuite dos au public que sera interprété le Quartetto Per Archi de Krzysztof Penderecki, en lisant l’impressionnante partition projetée sur l’écran. Un morceau extrêmement complexe, composé de pizzicato, de petits coups donnés sur les cordes ou de longs glissandos, que le visuel rendait fort abordable.

Pour terminer, un magnifique morceau de Terry Riley, une oeuvre récente dans laquelle est impliquée la NASA. Inspiré par des sonorités venues de l’espace, également samplées et diffusées pendant ce concert, One Earth, One People, One Love est une longue pièce ambient extraite de Sun Rings, une sorte d’opéra cosmique, avec pour visuel de magnifiques images de protubérances solaires.
Enfin, la surprise du jour, c’était la rencontre entre le Kronos Quartet et Sigur Ros, avec une reprise instrumentale de Flugufrelsarinn.

Après la petite déception de l’année dernière avec un répertoire réservé aux compositeurs sud-américains, ce concert fut une énorme surprise, et une belle réussite grâce à un mariage généralement réussi entre musique et images.

Fabrice ALLARD
le 10/05/2003

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