21/06/2003
België,
Hasselt
Pour son dernier concert de la saison, le België offrait un beau plateau. On commence par Géographique, duo bruxellois qui s’apprête à sortir son premier album sur K-raa-K. Etant arrivés alors que le set venait de commencer, on est d’emblée séduits et happés par les structures sonores qui s’en dégagent. La technique mise en place, assez intriguante, nous sera expliquée par Clément Laloy, un des membres du duo, lors d’une sympathique conversation entretenue backstage par la suite. Son partenaire, Xavier Garcia Bardon, n’avait pu être présent et avait enregistré sa partie, Clément étant accompagné sur scène par... sa maman. Il ressort de cette conversation que les deux compères courent les brocantes pour acquérir des piles de vieux vinyles qu’ils triturent, malaxent, rayent, percent ou scotchent pour en extraire des boucles méconnaissables qui, mises bout à bout et superposées, à une vitesse toujours différente de l’originale, produisent un résultat vraiment convainquant. Sur de longues nappes touffues et en constante évolution se superposent des craquements et sonorités diverses qui génèrent une sorte de mélodie imperceptible, lente et rêveuse, du plus bel effet. Un très bon set et une belle révélation, que l’on veillera à approfondir par l’écoute du futur album.
Ensuite, c’est Owen Ashworth, aka Casiotone for the Painfully Alone, qui monte sur scène. Ce bonhomme corpulent, au visage poupin, est originaire de San Francisco (signé sur la petite structure Tomlab) et nous avouera mettre pour la première fois les pieds en Europe. D’une valise élimée, il extrait divers Casio qu’il alterne prestement, en utilisant généralement deux, un pour la rythmique et l’autre pour la mélodie. Le résultat est sympathique, avec ces ritournelles simplistes et désuètes, volontairement cheap, auxquelles Owen ajoute un chant folk discret, aux connotations neurasthéniques, qui rappellent quantité d’artistes s’accompagnant plus volontiers de guitares. Les morceaux sont cependant trop semblables et trop peu étoffés pour susciter un réel enthousiasme.
Le plat de résistance arrive alors avec Tuxedomoon, pour lesquels le qualificatif "culte" ne semble pas galvaudé. On est d’emblée frappés par le côté free-jazz des premières compositions, les cuivres de Steven Brown et du néerlandais Luc Van Lieshout prenant la dominante, soutenus par la basse de Peter Principle, très cold-wave, qui charpentera l’ensemble du set. Progressivement, le côté new-wave un peu gothisant revient, lorsque ce sont la guitare du vétéran Blaine L. Reiniger et le piano de Steven Brown qui donnent le la. Groupe protéiforme aux inspirations évolutives, à la discographie touffue, Tuxedomoon a veillé à reproduire les divers aspects de leur travail en tâchant de générer sur scène une alchimie entre les instruments, qui n’a toutefois pas toujours fonctionné à la perfection, sans doute par manque de répétitions en commun (le groupe, officiellement dissous il y a environ 15 ans, réapparaît sporadiquement mais, sauf erreur, ne travaille plus sur de nouvelles compositions). Les pièces tardives, éthérées, à la limite de l’ambient, sorties sur Crammed à la fin des années 80 n’étaient pas vraiment représentées, mais au final, le set était d’un fort bon niveau, en dépit d’un son parfois mal réglé.
le 22/06/2003