Festival Fruits de Mhère : In The Tradition - Stevie Whishart - Hubbub

Pour sa 9e édition, le festival Fruits de Mhère, initié par Jacques Di Donato et Isabelle Duthoit, déménage à Brassy, à quelques kilomètres du lieu d’origine. Les différents sites du festival sont éclatés sur la commune, et il faut emprunter d’étroites routes de campagne pour parvenir à l’endroit des concerts de soirée, la "colline de didier". Un chapiteau est dressé au sommet d’une colline, d’où l’on a une vue panoramique sur les vallées environnantes.

. In The Tradition
(Alan Silva - synthétiseur ; Johannes Bauer - trombone ; Roger Turner - batterie)
Le concert d’ouverture est donné par le trio de la star Alan Silva. Au départ, chaque musicien donne l’impression de jouer dans son coin, sans concertation. Les sons de synthétiseur de Silva, clairs et cristallins avec beaucoup de réverb, tombent singulièrement à plat face aux sonorité plus traditionnelles de ses compagnons. Lors du précédent concert d’In The Tradition auquel nous avions assisté, la formation était augmentée d’Abdelhaim Bennani au saxophone, et son souffle continu assurait une base sonore qui permettait de lier les interventions des trois autres. Cependant, au bout d’un petit quart d’heure, le groupe semble avoir trouvé son rythme, principalement basé sur un échange entre Silva et Roger Turner. Les sons de synthé se sont modifiés, et ont des accents presque humains, comme des voix déformées. Au-dessus de ce dialogue, Johannes Bauer lance de longues notes de trombone, quand il ne s’arrête pas pour regarder avec admiration ses deux complices.

. Stevie Wishart (vielle à roue + traitements électroniques)
Stevie Wishart se présente avec sa vielle en bandoulière, une petite table à côté d’elle supportant ses boîtiers d’effets. Le bourdon continuel de l’instrument apparente ce concert avec les musiques de drone, et le son est très saturé. C’est un peu une déception en ce qui nous concerne, et notre intérêt tombe assez vite. Seul le deuxième morceau remporte notre adhésion. Plus varié, il évoque la musique arabe et des dissonances de musique contemporaine, sans qu’il soit possible de choisir parmi les multiples références celle qui convienne le mieux.

. Hubbub
(Frederic Blondy - piano ; Bertrand Denzler & Jean-Luc Guionnet - saxophones - Jean-Sébastien Mariage - guitare ; Edward Perraud - batterie)
Les nuits morvandelles sont plus que fraîches, et c’est dans un état second, transis de froid et à moitié endormis, que nous assistons au concert de Hubbub, dont on a souvent l’occasion de voir les membres jouer à Paris, et qui vient de sortir son nouvel album sur le label d’AMM, Matchless Recordings. Le groupe joue au même niveau que le public, sans amplification. La musique est tranquille, et la connexion avec AMM est compréhensible : on retrouve cette même texture sonore continuelle d’où surgissent de petits éclats de piano ou de percussions. L’attention de l’auditeur est maintenue constante par des jeux de saxophone fragiles, comme murmurés, et cette impression qu’à chaque instant, tous les sons de la palette du groupe sont possibles avec la même probabilité.

Bertrand Le Saux, Soizig Le Calvez
le 10/08/2003