Festival Fruits de Mhère : Vario 34 - Paul Dutton - Cosmik Reset

 date du concert

01/08/2003

 salle

Colline de Didier,
Brassy

 tags

Colline de Didier / Festival Fruits de Mhère 2003 / Mats Gustafsson / Paul Dutton / Paul Lovens / Thomas Lehn / Vario 34

 liens

Thomas Lehn

 dans la même rubrique
07/07/2025
The Crying Nudes
(Bourse de Commerce)
02/06/2025
thisquietarmy
(Chapelle)
18/05/2025
Rival Consoles / Ben Lukas Boysen
(Trianon)

Les concerts de l’après-midi ont lieu chaque jour dans un nouveau cadre, le plus souvent chez un habitant de Brassy qui ouvre son jardin et sa maison aux festivaliers. Aujourd’hui, c’est "la grange de Claude Lemel" qui est le lieu d’un jeu de piste, les spectateurs passant en petits groupes par différents endroits de la maison pour assister aux concerts.

Peter Hollinger (percussions)
Le premier d’entre eux est un solo de percussions de Peter Hollinger. Le public est assis autour de lui dans le grenier. Il utilise un simple saladier en métal, type plat de collectivité, qu’il martèle avec deux baguettes caoutchoutées. Mais cela pourrait tout aussi bien être une cloche asiatique vu les sons qu’il en tire. Il joue beaucoup sur les harmoniques, avec beaucoup de précision, et c’est un plaisir de voir un tel résultat avec des moyens si minimalistes.

David Chiesa (contrebasse) - Matthieu Werchowski (violon)
Pour le deuxième concert, nous passons dans la cave où David Chiesa et Matthieu Werchowski se produisent. Ça commence par de longs glissements d’archets entrecoupés par des silences, puis la musique se fait entendre en continu. Les deux musiciens se répondent l’un à l’autre, créant des vagues sonores continuelles.

Cosmik Reset
(Yannick Herpin - batterie ; Yves Jeanne - sax alto, objets ; Christian Laborie - clarinette ; Frédéric Le Junter - instruments fabriqués ; Benoit Rullier - CD, MD, vinyles, filtres)
Alors que les gens commencent à arriver sur la colline, un quintette qui mêle instruments traditionnels (batterie, saxophone) et plus excentriques (attirail de DJ, machines sonores de Frédéric Le Junter) a pris place au milieu du chapiteau. Leur musique donne une impression d’atelier de travail, chacun essayant diverses expérimentations pour contribuer au maelström de sons.

BIG
(Edward Perraud - batterie ; Fréderick Galiay - basse électrique)
Le duo drum’n bass fait beaucoup de bruit et de grimaces, et il est finalement plus agréable d’aller observer, allongé dans l’herbe, le coucher de soleil sur les collines du Morvan.

Paul Dutton (voix)
Nous avions déjà eu l’occasion de le voir lors du festival de poésie sonore Polyphonix 40 l’an dernier (lire les articles du 04/10/2002 et du 07/10/2002), et déjà il y introduisait un élément hétérogène avec un concert du groupe d’improvisateurs canadiens CCMC. Sa performance aujourd’hui dans un festival musical vise le même but d’effacement des frontières entre les genres, puisqu’elle est uniquement basée sur le travail de la voix. Cette confusion est bien à l’image de Dutton, qui a toujours mené de front son activité littéraire et musicale. Il alterne bruits de bouche, à la manière d’un Phil Minton, qu’il fait évoluer lentement, et lectures de textes écrits, mais en allongeant indéfiniment les phonèmes, comme le Général Bussig de Åke Hodell, jusqu’à rendre méconnaissable le texte lu. Le résultat est étonnamment captivant.

Vario 34
(Günter Christmann - violoncelle et trombone ; Thomas Lehn - synthétiseur ; Mats Gustafsson - saxophone et flûte ; Alexander Frangenheim - contrebasse ; Christian Munthe - guitare ; Paul Lovens - batterie)
Depuis la fin des années 70, Günter Christmann réunit des musiciens sous le nom de Vario. L’actuelle incarnation du groupe date de 1993, et s’intéresse particulièrement à l’improvisation. Quand le groupe prend place sur scène, cela a un côté big band. Pourtant, le premier morceau est très tranquille et ne joue pas sur la puissance disponible. Les différentes parties du concert sont construites par petites touches, chaque son produit par un musicien est à la fois une réponse aux précédents et une nouvelle piste pour les autres. Ce n’est que dans les moments les plus forts et les plus intenses qu’ils donnent l’impression d’être plusieurs à jouer en même temps. Sinon chaque son est clair et distinct, mais succède au précédent sans laisser le silence s’intercaler. Paul Lovens paraît visiblement heureux de jouer, vole en riant une cithare a Christian Munthe et le laisse démuni, puis tape sur les cordes de l’instrument en utilisant un de ses fûts comme caisson de résonance. Munthe a un jeu de guitare assez classique, basé sur le toucher de corde, son instrument sur les genoux et utilisant simplement une pédale de volume. Mais il est bien peu entendu à côté d’un Gustafsson qui produit ses brèves éruptions de saxophone, soufflant puissamment puis interrompant brusquement le cri qui sort de son instrument. Ce n’est qu’à la toute fin que tous se laissent aller à faire un boucan formidable, qui remporte l’adhésion du public.

Xavier Querel (projections) - David Chiesa (contrebasse) - Fabrice Charles (trombone)
Le dernier concert de la journée a lieu dans la vieille grange transformée en bar à vin au bas de la colline. Deux musiciens jouent dans le noir dans la cour de ferme, tandis qu’un lapin court au ralenti sur un écran de fortune posé au ras du sol, simple feuille de papier tendue par deux bouts de bois. Xavier Querel est quant à lui perché sur le toit de sa voiture pour manoeuvrer ses projecteurs, avec lesquels il illumine les murs des bâtiments, et projette en boucle les mouvements de silhouettes enregistrés sur des films en noir et blanc et les mouettes déjà vues sur les parois du Cube de la cellule Metamkine. Il se livre également à des jeux d’ombres avec les musiciens qui se déplacent, laissant apparaître leurs silhouettes sur le mur opposé.

Bertrand Le Saux, Soizig Le Calvez
le 12/08/2003

À lire également

02/08/2003
Festival Fruits de Mhère
(Colline de Didier)
12/10/2002
Kevin Drumm - Mats Gustaf
(Konstmuseum)
V/A
Echtzeitmusik Berlin
(Mikroton Recordings)
31/07/2003
Festival Fruits de Mhère
(Colline de Didier)