Festival Fruits de Mhère : The Necks - Konkpack

The Necks
Chris Abrahams (piano) - Tony Buck (batterie) - Lloyd Swanton (basse)
Le concert des australiens a lieu à l’ombre d’un bosquet, à La Velotte, nouveau lieu à découvrir avec le festival, mais aussi le moins sympathique, puisqu’il s’agit d’un centre de découverte de la nature dont les aménagements pour gérer les visiteurs ont enlevé tout le cachet. Il n’empêche que le concert, allongé dans l’herbe, était surprenant et agréable : c’était l’occasion d’entendre une musique de salon, aux sonorités douces, qui progresse lentement. Abrahams jette des poignées de notes cristallines, ses mains dansant alors sur le clavier, puis semble attendre en suspens quelques instants. Swanton en profite pour tirer quelques cordes, qui résonnent gravement, et ce dialogue se poursuit tour à tour. Il y a beaucoup de silence dans la musique de chacun, beaucoup de temps passé à écouter ses partenaires, et pourtant le tout donne une impression de fluidité. Quand le concert s’achève, toujours en douceur, les oiseaux qui n’avaient jamais du cesser de chanter se font à nouveau entendre, dans la continuité de la musique, et il faut un long moment pour que le public se décide à briser le fragile équilibre qui règne pour applaudir le trio.

Konkpack
Tim Hodgkinson (électronique et clarinette) - Thomas Lehn (synthétiseur analogique) - Roger Turner (batterie)
Après une pause au café du bourg de Brassy, on remonte une dernière fois la Colline de Didier pour voir Konkpack. À l’inverse du concert de Hodgkinson la veille avec Gustafsson et Hollinger, la musique correspond à ce à quoi on peut s’attendre, cette déconstruction et ce jaillissement de sons habituels en improvisation. Ça n’en est pas pour autant ennuyeux, bien au contraire, car les trois musiciens cherchent sans cesse à se surprendre mutuellement et à se répondre par des éléments qui amènent le flux musical dans une nouvelle direction. Ils en profitent pour explorer tour à tour zones de calme et de vacarme, alternant grattements et petits blips de Hodgkinson et Lehn avec des martèlements de fûts de Roger Turner, pendant lesquels ce dernier semble oublier toute idée de technique pour simplement faire le plus de bruit possible. Il est assez bizarre de constater que des sons a priori hétéroclites et loin du "beau" s’accordent et s’emboîtent avec autant de justesse. Le rythme soutenu, et l’effet de profusion qui en résulte, y contribuent sûrement pour une grande part.

Pour cause de retour sur Paris, nous n’aurons pas le temps de voir les autres groupes programmés ce soir, Cheval de Frise et Silent Block. On repart en tous cas avec le sentiment d’un festival idéal, tant pour l’organisation (à taille humaine) que pour la qualité des concerts vus.

Bertrand Le Saux, Soizig Le Calvez
le 30/08/2003