29/08/2003
Retour sur le site, déjà bien imprégné de pluie, sur le coup de 18h. Aujourd’hui, nous n’avons a priori raté que les Raveonettes, les Kills et Adult dans les groupes de l’après-midi.
Nous arrivons pour Polyphonic Spree. Curieuse chose, 23 personnes sur scène tout de blanc vêtues, qui bougent et sautent dans tous les sens. Les choeurs et les cuivres donnent une petite impression de gospel pop assez entraînante. Le chanteur nous fait penser qu’il a dû beaucoup, beaucoup écouter Bowie (de même que T-Rex, notamment). Sa gestuelle désordonnée est rigolote et il y a une belle ambiance dans le public. Mais bon, musicalement c’est un peu compassé tout ça, agréable mais aux confins du superflu. La construction des morceaux laisse à désirer, bref on a là un joyeux bordel sympathique et entraînant mais rien de plus.
On se dirige donc vers le Dance Hall où Gus Gus joue en même temps. Grosse surprise : de la house bourrine, sans aucun relief et sans les chansons emblématiques. C’est Gus Gus ça ? On est à ce point surpris que l’on vérifie, mais oui ce sont bien eux. La question est dès lors : mais où vont-ils, du moins en live ? Nous l’ignorons, mais ce sera sans nous.
On se réfugie sous la tente DJ où officie Mark Bell de LFO (dont l’album Sheath n’est pas la moindre attente de la rentrée, soit dit en passant). Bon set, mais trop techno, avec un beat un peu trop systématique. Il ne semble pas vouloir s’affranchir des carcans du style, ce que nous avions déjà pensé lors de son set au festival All Tomorrow’s Parties en avril.
Sur la main stage, nous retrouvons Beck et ses boucles blondes projetées en quasi permanence sur les écrans géants. Le groupe assure, les morceaux tiennent incontestablement la route et les styles sont variés. On sent un indéniable talent mais bon, rien à faire, on n’a jamais accroché à son répertoire et ça ne va pas changer aujourd’hui. Le temps d’une excursion à l’autre bout du site pour voir ce qui s’y passe, on revient prendre une louche de l’un ou l’autre tube dont l’hymnique Loser, exécuté bien mollement.
Ensuite, direction le Dance Hall pour le premier bon concert du jour puisque nous y retrouvons Alison Goldfrapp avec son petit chapeau, ses bottes en cuir et sa jupe à franges. Le son est bon, rendant bien les différentes tonalités des morceaux, et le set s’avère excellent. La voix absolument superbe d’Alison, dont elle joue sur une grande variété de registres, convainc à chaque instant. L’instrumentation très accomplie offre un alliage parfait entre l’organique et l’électronique. Un régal. On se demande ce qui nous a pris de partir avant la fin pour voir ce que pouvaient bien jouer les Datsuns de l’autre côté : du teenage rock beuglard sans le moindre intérêt. Le guitariste a fait ses gammes en écoutant Ritchie Blackmore. Aux abris !
En l’occurrence, on va se placer bien devant pour Suede, que nous n’avions étonnamment jamais vu et qui constitue la première tête d’affiche du jour sur la main stage. Finalement, les précautions s’avèrent superflues : le public était clairsemé et amorphe, le pauvre Brett Anderson s’est évertué à vouloir le dynamiser mais en vain. D’entrée de jeu, on a droit à So Young et Animal Nitrate. Brett s’excite comme une pile électrique, mais il a vieilli. Suivent Filmstar et Lost in TV. Les chansons du dernier album A New Morning ont l’air nettement plus calmes, pas désagréables mais un peu bof. Saillie de Brett : "We are Suede. You must be the audience ? You fit the description...". Sûr... Et la bande d’entamer She’s in Fashion.
Brett incarne à la perfection la notion de leader de groupe vu son indéniable charisme. Il en remet un peu, faut dire. Mais les musiciens sont bons, trop pour être ravalés au rang de faire-valoir. Cela dit, le son est loin d’être parfait, il y a notamment bien trop de basses. Le public ne réagissant pas, le set s’enlise un peu et manque de pétillant. Il se termine par Everything Will Flow, Can’t Get Enough, Trash, et la meilleure des meilleures, Beautiful Ones. Mais le coeur n’y est pas, dommage.
Kosheen pour suivre. D’abord plus proche de Morcheeba que de Roni Size. Mais ils ont assez fort changé de style depuis l’imparable Hide U. Ca s’emballe un peu ensuite. De vrais drums, une vraie basse, c’est efficace, sympa et sans prétention. Et là, il y a de l’ambiance. Bonne présence scénique de la chanteuse dont la voix rappelle fort celle de Sharleen Spiteri de Texas. Mais on s’éclipse pour voir la fin de Grandaddy, juste après Hide U, précisément. Il fallait tout de même attendre ce tube.
Grandaddy, un pur bonheur. Un des meilleurs concerts de la récente Route du Rock, du moins au Fort de St-Père (avec Black Dice et Cyann & Ben). Fabuleux ici encore. Ils sont cool, en forme, ont sincèrement l’air de bien s’amuser et c’est vraiment vraiment bien. Tous les morceaux sont bons, mélodiques, enlevés, extrêmement bien écrits. En ce qui nous concerne, c’est assurément l’une des découvertes de 2003 et nous sommes ravis.
Brève incursion dans le hip-hop funk de Blackalicious, puis dans le hip-hop bourrin de Redman, avant de se défouler un peu sur la techno state-of-the-art de Richie Hawtin (précisons que pendant ce temps, le site résonne de l’affreux son des Foo Fighters, tête d’affiche du jour).
Le rideau tombe pour nous sur l’édition 2003 du Pukkelpop, un brin moins emballante que les deux années précédentes mais qui a clairement réservé son lot de bons concerts et de jolies surprises, comme à l’accoutumée. Ne pouvant y aller le samedi (mais l’affiche était nettement plus faible), nous aurons notamment manqué PJ Harvey, The Rapture, Eels, Matthew Herbert, Junkie XL, Tiga, 2 Many DJ’s, Dead Man Ray, Radio 4 et surtout Wire...
le 07/09/2003