(Rune Grammofon / Differ-ant)
02/03/2012
Rock

Premier groupe français à sortir un album sur Rune Grammofon, Astrïd se devait d’être évoqué comme tel en ces pages, qui n’ont pour l’instant mentionné la formation qu’à l’occasion de concert ou participation à une compilation. Précisément, cet High Blues, troisième long-format du quatuor (formé autour de Cyril Secq et Yvan Ros), propose des titres dont certains ont déjà pu être trouvé sur des disques collectifs (deux sur cinq, pour être précis), générant pour l’auditeur une impression de familiarité immédiate.
De toute façon, avec le long morceau-titre qui ouvre l’album, on peut tout de suite saisir le propos de groupe : des instrumentaux conséquents, partagés entre post-rock et musique contemporaine, pas forcément portés sur une dimension contemplative ou évocatrice (comme tant de leurs congénères) mais plutôt sur la manière dont les éléments combinent entre eux, au gré des entrées et sorties de la guitare électrique, de la batterie, de la clarinette de Guillaume Wickel ou du violon de Vanina Andreani. Volontiers grinçants, à la limite de la malaisance, ces derniers apparaissent ainsi comme d’impeccables contrepoints des volutes plus amples et réverbérées de la six-cordes ou de l’aspect enveloppant de la basse. Ainsi donc, les vingt-et-une minutes d’High Blues permettent de parfaitement débuter le disque, posant les fondements d’une écriture riche et dense. Fondements que pourra reprendre, plus loin, Suite et ses frappes régulières de batterie, supports idéaux aux improvisations de guitare électrique, là encore marquantes par leur rondeur.
Hommage transparent à Satie (puisqu’initialement présent sur la compilation ad hoc d’Arbouse Recordings), Erik S. se fait plus dépouillé et plus proche d’une forme de post-folk, travaillant notamment, comme le compositeur, sur les silences entre les notes. Même dénuement dans James avec les côtés hispanisants (le son de la guitare, les rasgueados, les tonalités d’ensemble) d’un titre qui peut paraître un peu vain dans son début avant de prendre davantage de corps lorsque la clarinette rentre en jeu. Même sentiment légèrement ambivalent avec Bysimh, peut-être en raison de la dimension plus « acoustisante » de la six-cordes ; ceci dit, une nouvelle fois, l’introduction des autres instruments apporte coffre et compacité au morceau.
En définitive, c’est vraiment lorsque la guitare opère dans un registre plus post-rock alangui, et/ou que tous les membres du quatuor sont sollicités qu’Astrïd nous semble le plus convaincant. En quelque sorte, quand le groupe sonne véritablement comme un groupe ; quoi de plus logique, en somme.
le 23/05/2012