26/10/2003
Confluences,
Paris
Boulder dDash / Confluences / Deathsitcom / Groupgris / King Q4
C’est devenu un rendez-vous régulier, le dernier dimanche de chaque mois, une soirée Electrophonic avec ce soir le label MusikExperience à l’occasion de la sortie de la compilation Underground Shit... chroniquée sur ces pages il y a quelques semaines. En dehors de ce prétexte, c’était l’occasion de revoir King Q4, aux prestations un peu trop rares, de découvrir Boulder dDash en live après son génial album sorti cet été chez Angelika Köhlermann, et d’avoir une vision un peu plus large de Groupgris et Deathsitcom, le premier ayant entre autre remixé Tlone sur Vivid Scenes et le second étant l’auteur d’un CD-R chez MusikExperience.
Cela fait plus de 2 ans que nous n’avions plus trop de nouvelles de King Q4, découvert en live à la Fondation Cartier. Le concert ne nous avait pas vraiment convaincu, trop long, trop plat. Comme il nous manquait presque, on a acheté son album il y a quelques mois, on l’a trouvé plutôt bien foutu et on se disait qu’il faudrait qu’il persévère, et qu’un deuxième album serait certainement le bienvenu. Du coup on était content de le voir réapparaitre sur cette compilation, et encore mieux ce soir en concert. Un concert assez surprenant, se pointant là où on ne l’attendait pas, même si après coup, on se dit que ce changement de direction est dans l’air du temps.
Débutant par de jolies nappes directement sorties d’un laptop, la rupture est faite avec l’affiliation qui avait été faite un peu rapidement à ses débuts avec Plaid. Un premier titre peut-être un peu plus expérimental basé sur des mini boucles générées par l’ordinateur pour une musique ambient aux sonorités épurées, et rythmée par la durée des boucles. Malheureusement quelques problèmes techniques viendront s’y mêler. Il passera alors à la suite, où petit à petit le style va changer. Dansant d’abord, avec une sorte de disco-laptop festif, mais le public restera sagement assis. L’usage de samples de voix apporte une dose d’humour comme ce jeune homme qui propose à une amie d’aller à une conférence sur la musique électronique, et chaque titre est un mélange réussi entre douceur nostalgique, et une certaine insouciance adolescente. La surprise sera complète avec le dernier titre, rock’n laptop, avec guitares et voix samplées, sur lesquelles une nappe grésillante se superpose.
Au final notre impression est assez partagée, entre quelques bonnes idées mais pas d’une originalité renversante, on regrettera le manque d’un parti pris, sur un concert trop court (20mn), même si le dernier titre était relativement culotté.
On passe immédiatement à Boulder dDash, qui fut sans aucun doute la surprise de la soirée. Alien Folk Trash, son récent album est dans l’esprit de ce que fait Hypo : électronique, pop, et foutraque, un royaume ou toute expérimentation est permise et fertile. Le premier titre sera assez saisissant dans le genre : instrumental, à la fois mélodique (une sorte de tube dance tourne en fond sonore) sur lequel une cascade de sonorités plus délirantes les unes que les autres viennent se fracasser.
Les chansons jouées ce soir, même si elles sont parfois nerveuses, pleines de rage, s’apparentes plus à des ballades électro-trash, et ce côté ballade l’emporte toujours, par des mélodies fines en filigrane, une mélancolie sous-jacente, et quand il utilise son micro, chantant devant son laptop, JB Hanak ressemble à un crooner des temps modernes.
Il fut accompagné par un guitariste sur les trois derniers morceaux, retrouvant alors un style un peu plus classique, plus pop, ou l’ordinateur ne semble rajouter que quelques bruitages. Cela dit, le dernier titre, nous fera plus penser à du post-rock avec une magnifique boucle de guitare à la fois mélodique et saturée qui monte doucement. Dommage que cet effet ait été amoindri par le fait que ca commençait déjà très fort, mais c’était une excellente fin de concert.
Après un entracte d’une bonne demi-heure, retour dans la salle pour découvrir Groupgris et Deathsitcom.
Avis mitigé sur le premier. Peut-être que le fait que son concert parte un peu dans tous les sens a joué sur notre appréciation. De très bonnes choses comme un morceau à la rythmique en retrait où des nappes grésillantes construisent la mélodie, ou ]Sqnt, le titre franchement hip-hop mais toujours très électronique que l’on retrouve sur la compilation. Sinon on trouve des pièces expérimentales, d’autres franchement dansantes au sein desquelles s’immiscent quelques expérimentations, offrant une sorte de clubbing alternatif qui raviera une frange du public présent ce soir. On appréciera également les derniers titres, originaux dans ce contexte, mais qui nous rappelle la BO de Pulp Fiction avec ces guitares saccadées, sur lesquelles se cale la rythmique.
Pour finir, Deathsitcom, qui avec un titre sur la compilation à l’honneur ce soir, nous donnait un petit apperçu de son travail. Son concert nous permettra d’avoir une idée plus précise, tout en nous confortant dans notre idée. Collages en tout genre, mélanges des genres, y compris les plus osés, mais le résultat n’est pas à la hauteur et parait gratuit. Nappes ambient côtoient rythmique jungle, accords d’orgues, chant ragga et tendances industrielles pour obtenir au final une soupe indigeste. Malheureusement l’amateurisme dont fait preuve Deathsitcom ne parviendra même pas à attenuer notre impression négative.
On abandonnera alors la salle après 20 minutes de concert.
le 28/10/2003