Mou,Lips ! - Heller

Après premier concert au Project 101 en début d’année, on retrouve Mou,Lips !, duo italien produisant une electronica expérimentale empreinte d’une sensibilité pop. Mais ce soir on faisait le déplacement principalement pour Heller, duo formé par Sébastien Roux (ex-Un Automne à Lob-Nor qui s’est récemment produit en solo à Confluences) et Eddie Ladoire, également ancien membre d’un groupe post-rock (Unsich) reconverti à la musique électronique qu’il compose principalement pour des films expérimentaux.

C’est Heller qui débute justement, les deux jeunes compositeurs étant chacun équipés d’un laptop. Ils produisent une musique généralement calme, ambient à base de drones et textures grésillantes. Ces deux éléments se partagent le fond sonore sur lequel viennent se poser des bleeps réguliers, des craquements, quelques souffles, des bruitages mécaniques. La réussite dépend de ce subtile agencement qui ne nous décevra jamais : musique sans cesse en mouvement, les sonorités semblent se répondre selon une structure logique, mais pas mécanique. Du coup, aussi expérimentale qu’elle puisse être, la musique de Heller ne froisse jamais l’oreille. Elle s’écoute simplement, emmène l’auditeur vers des territoires étrangers avec les deux musiciens pour guide.
Leur concert sera accompagné d’une vidéo plutôt réussie, construite à partir de 2 films d’une ballade en forêt. Les images se chevauchent et semblent osciller au gré des textures granuleuses. On aura même parfois l’impression que la musique intègre des sons de ce film, le frottement des vêtements contre la végétations, les branchages... Mais cette promenade se révélant interminable, on préférera fermer les yeux et naviguer en territoire inconnu.
On attendait beaucoup de ce concert, et nous n’en fûmes pas déçus, loin de là. On reviendra prochainement sur Heller avec leur premier album qui vient de sortir chez N-Rec.

De Mou,Lips ! on attendait par contre rien de nouveau. Ce fut pourtant l’occasion de quelques très bonnes surprises. S’ils commençaient par un petit morceau tout calme et mélodique devant un public guère attentif (ne s’étant pas rendu compte que le concert avait commencé), ils évoluèrent rapidement avec un son plus franc, plus assuré, parfois plus épuré, minimal . Mais surtout, on eut droit à quelques nappes saturées, des sifflements aigus, et des sons moins propres qu’a l’accoutumé qui rendait leur set moins monotone, moins "pop", plus épicé. Petite originalité propre à ce groupe, le passage où Emmanuella écrit sur une tablette, donnant à entendre le bruit de l’évolution du crayon sur le support.
Bref, plein de bonnes petites surprises, mettant en évidence un groupe à l’aise dans différents styles, tout en restant cohérent. On regrettera juste la fin du concert qui, devenant plus abstraite et manquant de relief se révélera un peu ennuyeuse, même si le concert fut très court (25mn).

Fabrice ALLARD
le 14/11/2003