Festival Panoptica 2003 : U. Schnauss / Lowfish / Lackluster / Kettel / Xela

 date du concert

14/11/2003

 salle

Maison de la Métallurgie,
Liège

 tags

Festival Panoptica 2003 / Kettel / Lackluster / Lowfish / Maison de la Métallurgie / Ulrich Schnauss / Xela

 liens

Ulrich Schnauss
Lowfish
Lackluster
Festival Panoptica 2003
Xela
Kettel

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Deuxième édition de ce précieux événement organisé de longue haleine par l’association liégeoise Panoptic, toujours dans le même lieu inhabituel et très propice, si ce n’est par sa taille restreinte. D’emblée un coup de chapeau mérité aux organisateurs, qui se sont investis sans compter, pour récolter les fruits de leur travail au cours d’une soirée qui se sera déroulée sans fausse note et révélée certainement rentable, ce qui laisse augurer d’un bel avenir pour cette manifestation que l’on n’hésitera pas à qualifier d’indispensable.

Cela étant, la perfection n’est pas de ce monde, avons-nous pensé ce soir-là. La programmation était à mon sens de meilleure qualité que l’an dernier, alliant les confirmations de haut niveau (Ulrich Schnauss, Lowfish) et les découvertes que l’on attendait impatiemment (Xela, Kettel et Lackluster). Malgré, sans doute, la renommée limitée de ces artistes auprès du grand public, le festival aura toutefois drainé une foule nombreuse avide de danse et de fêtes rythmées. Est-ce là son objectif ? A notre sens, pas vraiment. Il semble pourtant qu’il soit difficile, sinon impossible, de mettre sur pied un festival electronica intègre et exigeant comme celui-ci sans attirer un public peu au fait de ces musiques et souvent peu respectueux de ceux qui les délivrent. Ajoutons à cela un niveau sonore assez bas dans l’ensemble, et l’on comprendra que les prestations furent souvent perturbées par les conversations et autres allées et venues dans un espace trop exigu pour le nombre de personnes qui le peuplaient.

Qu’importe, à nous de faire abstraction de ces paramètres pour nous plonger dans la raison d’être de la soirée, à savoir la musique et les visuels auxquels elle était savamment accouplée. De ces derniers, retenons qu’ils étaient globalement excellents, subtils, très travaillés, souvent d’inspiration bucolique et contemplative et ajoutaient un indéniable plus aux concerts sans détourner excessivement l’attention du principal.

On eu droit ce soir-là à une palette variée : de la pop de Lowfish à l’ambient de Xela, des mélodies d’Ulrich Schnauss aux rythmes de Kadah/Vresky, en passant par les foisonnements enthousiasmants de Kettel, on n’aura vraiment pas le temps de s’ennuyer. Kadah/Vresky, le régional de l’étape, ouvre les hostilités. Nous l’avions découvert en juin au festival Electric Science, où il nous aura laissé une meilleure impression que ce soir. En effet, si ses morceaux comportent nombre d’idées intéressantes sur le plan des textures, ils pèchent un peu au niveau des rythmiques qui nous ont paru trop appuyées et systématiques. Cela étant, c’est agréable et sans prétention, tantôt pétillant, tantôt grinçant, et indiscutablement prometteur.

Merveilleuse découverte ensuite avec le petit lutin roux de Xela. Sous son jeune âge et une attitude expansive et festive, il masque une impressionnante profondeur d’inspiration. C’était le set le plus calme de la soirée, d’une beauté remarquable. Les ambiances douces et éthérées évoquent certaines productions du label U-Cover. Les morceaux sont amples, relaxants, contemplatifs mais aussi entraînants, prenant le temps d’installer des climats denses et mélancoliques. Avec une fin de set lorgnant vers la pureté Morr Music, John Twells nous a démontré l’étendue de son talent, à confirmer par l’écoute de l’album For Frosty Mornings and Summer Nights sorti chez Neo Ouija.

L’autre superbe découverte de la soirée, c’est Kettel, alias Reimer Eising, déjà auteur de trois albums et d’une poignée de 12’’. Il a immédiatement convaincu avec un début très warpien (on ressent nettement les influences de Black Dog et Plaid dans son travail), glissant ensuite vers un climat très pop, dansant, foisonnant. Les sons métalliques, rapides, composant des textures complexes et évolutives, le bourgeonnement d’idées, tout a contribué à ravir les amateurs qui n’ont pas tari d’éloges sur la prestation du néerlandais.

Par contre, Lackluster (officiant aussi sous son vrai patronyme Esa Ruoho) a généralement déçu. Ses morceaux sont rythmés, efficaces, mais manquent de liant et d’une orientation perceptible. Si une écoute distraite, telle celle à laquelle nous nous sommes limités, reste plaisante, il n’en reste pas moins que subsiste une impression d’anarchie abrupte qui ne convainc pas. Il semble cependant que sa prestation de ce soir était assez éloignée de ses travaux discographiques, à propos desquels nous devons encore nous faire notre opinion.

Terminons par les stars de la soirée, et d’abord Lowfish, pénultième artiste avant Team Shadetek que l’heure tardive nous aura empêché d’écouter. Quand on connaît ses albums, les prestations du canadien sont sans grande surprise : très pop, très synthétiques, avec des notes égrenées sur un petit clavier, contrairement aux précédents qui n’officiaient qu’au laptop. Il a peut-être délibérément augmenté la part de la rythmique, en vue de satisfaire le public qui à cette heure-là était clairement désireux de se dérouiller les jambes. Mais cela n’a pas nui aux mélodies caractéristiques, à tonalité nostalgique, dont il a le secret. La musique de Lowfish, typique des productions Suction, est éminemment plaisante mais on pourra peut-être lui reprocher un manque de variations et de diversité, qui peut induire une certaine lassitude. Cela étant, la légèreté sautillante des morceaux se révèle on ne peut plus agréable, tout comme l’album 1000 Corrections Per Second qui vient de sortir chez Suction.

Le meilleur pour la fin avec le grand bonheur attendu que constituait la venue d’Ulrich Schnauss, auteur de deux somptueux albums sur City Centre Offices. L’homme, dont l’accoutrement pourrait laisser penser qu’il est issu d’une formation goth ou indus, possède un talent proprement époustouflant. Ses compositions sont d’une richesse et d’une profondeur incroyables. Il fut le seul des prestataires du soir à recourir abondamment au clavier, déposant des notes cristallines sur un tapis mélodique d’une beauté à couper le souffle. Glissant de climats éthérés à la Slowdive (il n’est sûrement pas pour rien dans l’hommage rendu par Morr à ce groupe mythique) vers des morceaux très pop, pourvus de ritournelles d’une quintessence mélodique confinant au sublime, il a laissé son auditoire pantois et comblé.

On comprendra donc, en dépit des inévitables bémols évoqués ci-dessus, tout le plaisir qu’a procuré en nous cette manifestation de très grande qualité. On ne peut que se réjouir, finalement, du succès public peut-être surprenant qu’elle a rencontré, dans la mesure où il permet de lui assurer la pérennité que nous appelons de nos voeux.

Gilles Genicot
le 22/11/2003

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