19/11/2003
Guinguette Pirate,
Paris
Ce soir était consacré à un petit déplacement à la Guinguette Pirate juste pour faire une découverte. Sur la foi d’une vidéo plutôt envoûtante disponible sur le site du groupe, nous voulions en savoir plus sur ce groupe allemand dont les membres sévissaient auparavant dans le groupe hardcore 7 Inch Boots.
Du hardcore il ne reste plus grand chose, sauf peut-être la noirceur.
La Guinguette est plongée dans l’obscurité, et devant nous prennent place Robin Rodenberg à la contrebasse et Christoph Clöser au saxophone. Au dessus de leur tête, un spot fait tomber un faisceau de lumière à leur pied, n’éclairant que leurs instruments, comme si ceux-ci étaient manipulés par des fantômes. Au second plan, Morten Gass au piano Rhodes et Thorsten Benning à la batterie.
Le premier morceau pose l’ambiance, pesante, avec une nappe de choeurs inquiétants sur laquelle s’écrase les basses et la rythmique, lente, menaçant de s’éteindre à chaque instant. Le piano allège l’ensemble avec un son clair, cristallin, et une ambiance jazzy que vient confirmer la présence du saxophone dans la seconde moitié du morceau. Cette part de jazz est plus ou moins présente en fonction des morceaux, de l’utilisation de la batterie, des intonations prises par le saxophone comme sur le second morceau qui nous paraîtra du même coup moins sombre, ou seulement nostalgique.
Abandon de la contrabasse à partir du troisième morceau, et changement d’instrument pour quelques musiciens. En effet, régulièrement, pianiste et saxophoniste échangeront leur rôle, apportant ainsi sur scène la présence de deux basses. Et quand Morten Gass se met à la basse, il vit sa musique, son corps accompagnant la lourdeur de chaque note. Tous les morceaux répondent à la même définition : musique instrumentale, une sorte de jazz slowcore qui nous fait penser à Labradford pour le tempo, et le jazz contemplatif d’un label comme Ecm pour le saxophone, le tout empreint d’une délicieuse noirceur.
Entre chaque morceau le saxophoniste tente de nous expliquer, en français, le thème de leur composition, et le public, malheureusement assez peu nombreux semble admiratif. Nous fûmes pour notre part totalement conquis.
le 23/11/2003