Insect Ark / John 3:16

 date du concert

21/09/2013

 salle

Cantine de Belleville,
Paris

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Cantine de Belleville / En veux-tu ? En v’là ! / Insect Ark / John 3:16

 liens

En veux-tu ? En v’là !
Insect Ark

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Dernière date d’une tournée européenne qui dura un mois, Insect Ark et John 3:16 se produisaient samedi soir à la Cantine de Belleville, dans la cave voutée et humide située sous le restaurant bondé.

La soirée, organisée par le collectif En veux-tu ? En v’la ! accueille en premier lieu les duos Lucem et Poïkilon. Le folk torturé des premiers, formation acoustique guitare violoncelle, peine à convaincre, tandis que les seconds empruntent la veine plutôt nerveuse d’un math-rock contrasté, qui parfois capte l’attention, mais qui plus globalement laisse froid.

C’est donc avec hâte que l’on attend John 3:16, de son vrai nom Philippe Gerber, patron du label Alrealon Musique et auteur d’un album mystique et déviant fait de drones contemplatifs et de tumultes entre post-rock et shoegaze : Visions Of The Hereafter – Visions Of Heaven, Hell and Purgatory, sorti en 2012. A partir de là, l’ambiance sous les voutes prend un ton rauque, expérimental et heurté qu’elle ne quittera plus. Sur scène John 3:16 se démène, littéralement. Courbé sur sa guitare, bondissant, le corps arqué et le regard halluciné, le musicien semble pris dans une lutte interne et délivrer sa musique dans la douleur. Du point de vue sonore, le parti pris est clair : rendre compte en priorité de la face la plus noise, brute et rugueuse de sa musique. La dimension retenue, suavement immersive, que l’on pouvait rencontrer sur disque est évacuée pour laisser place à la massivité des riffs et aux déferlantes bruitistes. Les murs de son se dressent et livrent bataille entre les quatre murs de la cave. Les hélices mélodiques à forte teneur industrielle ricochent sur la brique et pénètrent le public, stoïque sous la violence et la beauté des assauts. Si on n’aurait pas craché sur quelques respirations, on émerge comblé de la crypte, les muscles fatigués de la tension ambiante, malgré l’immobilité royale dans laquelle le concert nous avait maintenu.

Au tour désormais de Insect Ark, aka Dana Schechter, de prendre place sur scène. Ce qui va suivre représente pour nous une découverte et une révélation. Connue comme leader de Bee And Flower et pour sa participation au groupe Angels Of Light de Micheal Gira, Dana Schechter a deux EP à son actif avec Insect Ark et accorde une importance toute particulière au live. Attablée derrière une console présentant une guitare lap steel et un clavier, sa musique inclue également de la basse et un travail de programmation. Immédiatement, ce qu’elle joue fascine. Elle tire de sa guitare horizontale des sonorités vibrantes et métalliques, que le jeu de pédale vient moduler, insufflant par instant aux mélodies des inflexions d’un lustre quasi romantique. A des épisodes d’accalmie, baignant dans le drone, succèdent de longues bourrasques au goût de doom, durant lesquelles la musicienne s’empare de sa basse et fait les cents pas dans le public. Fiévreux, mélodiquement superbe, lent et lourd comme une vague qui gonfle avant de se briser, le concert d’Insect Ark fait l’effet d’un souffle dont on se relève acquis à sa cause. La poignée de personne qui occupa jusqu’à la fin ce coin sombre, planqué sous un restaurant à la senteur de persillade, connu un beau moment.

Manon Torres
le 24/09/2013

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