Festival Capitales Sonores 2004 : AGF - Kaffe Matthews - A. Tanaka - J. Montessuis

 date du concert

25/01/2004

 salle

Les Voûtes,
Paris

 tags

AGF / Atau Tanaka / Festival Capitales Sonores 2004 / Joachim Montessuis / Kaffe Matthews / Les Voûtes / Ryo Co

 liens

Kaffe Matthews
Joachim Montessuis
AGF
Atau Tanaka
Les Voûtes

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Troisième soirée (mais la deuxième pour nous) du festival Capitales Sonores, avec ce soir de nombreuses découvertes si l’on arrivait assez tôt. Quelques têtes d’affiche se produisaient à partir de 20h parmi lesquelles Kaffe Matthews, AGF et Si-Cut.Db, mais la soirée commençait trois heures plus tôt avec quelques jeunes musiciens prometteurs. Arrivant sur place à 18h, nous étions tout juste sur place pour le premier concert qui débutait donc avec une heure de retard.

Premier groupe à jouer, CHDH, correspondant aux initiales des deux compositeurs, Cyril et Damien Henry. Les deux artistes se produisent au laptop et machines diverses, contrôlant un instrument logiciel qui leur permet de créer en direct musique et vidéo. Du coup l’interaction entre la musique et les images est absolument parfaite, et ces formes géométriques en 3D, noir et blanc avec quelques éléments rouges nous rappellent fortement le dernier clip d’Autechre, Gantz Graf. La musique elle, n’est pas d’une originalité renversante, mais parfaitement maîtrisée, purement electronica, pointilliste, avec petites influences click & cut. Bref une excellente découverte qui annonçait une soirée particulièrement riche.
Cette impression se confirma avec Joachim Montessuis et une présentation de son live particulièrement prenante. En effet, avant de jouer il nous explique que la vidéo que l’on verra pendant son live n’est pas un film créé, mais le résultat de l’enregistrement de la boite noire d’un avion de chasse qui s’est écrasé dans un pays de l’est. Le film correspondant aux 23 dernières minutes de l’enregistrement. Il commence alors par un drone qui évoluera lentement. En même temps on entend le dialogue des pilotes, et l’affichage d’éléments visuels d’aide au pilotage (ligne d’horizon, altitude, etc...). La tension monte petit à petit, et alors qu’elle semble atteindre son paroxysme, de nouveaux bruits font leur apparition. On sent arriver la fin qui n’en fini pas de se faire attendre, le drone devient étouffé dans des bruitages saturés, on perd l’image qui n’est plus qu’un écran bleu pour le final limite bruitiste. Extrêmement prenant, stressant, la musique de Joachim Montessuis était ce soir particulièrement physique, et on était scotché à notre siège.

On passe alors à Atau Tanaka que l’on a déjà vu plusieurs fois, mais c’était ce soir une première pour nous puisqu’il ne jouait pas avec son biomuse qui le relie habituellement à son laptop. Il jouait ici debout devant deux laptops et machines de contrôle, pour un concert qui nous laissera bien perplexe. On avait parfois du mal avec son biomuse à voir le lien direct entre ses gestes et la musique. Ce soir ce fut la même interrogation... des sons surgissent alors qu’il semble ne rien faire, parfois il tourne des boutons sans que l’on perçoive de changement particulier, mais cette mauvaise impression est accentuée par le fait qu’il force ses gestes, donnant l’impression de "surjouer". Mais surtout musicalement, on ne verra pas du tout où il veut en venir. Sample d’eau qui coule pour commencer, chuintements bruts, glissandos de tonalités épurées, le tout s’assemblant tant bien que mal. Déception.
Par contre on verra ensuite Suguru Goto, qui pousse un peu plus loin le principe du corps-instrument, avec le BodySuit. Il s’agit d’une combinaison du style tenue de plongée qui renferme une multitude de câbles et capteurs. Celle-ci est reliée à un ordinateur chargé d’interpréter les mouvements pour lancer des sons et agir en direct sur une vidéo. Une jeune japonaise (Yuko Kametani) s’est glissée dans cette combinaison et fait des gestes généralement brusques, secs, lançant des sons ou les déformant en tournant ses articulations. Visuellement assez impressionnant, musicalement nettement plus convaincant que Atau Tanaka, ce fut une autre bonne surprise pour cette soirée.

Les trois petites prestations suivantes mettaient en oeuvre Stochos, un logiciel développé par Sinan Bokesoy et Gerard Pape au CCMIX. L’une d’elle faisait un peu trop démonstration, la dernière était purement de la musique électroacoustique expérimentale, mais la première pièce a retenu notre attention. Composée par Sinan Bokesoy, Relations est une pièce qui mêle des sons créés sur Stochos et une voix de soprano interprété par Janet Pape.

Ce fut ensuite au tour de Kaffe Matthews, sous un format qu’elle a adopté il y a quelques temps maintenant : deux micros sont placés dans la salle, et lui permettent de capter des sons ambiants que l’on aura ce soir un peu de mal à deviner. Elle est par ailleurs équipé d’un theremin et diverses machines pour traiter ces sonorités. Elle commence par un sifflement à peine perceptible qui augmente doucement, puis d’autres qui se superposent sur différentes tonalités. Au bout de quelques minutes d’autres sonorités plus brutes font leur apparition, comme de grosses basses, des clicks, des ondulations épurées. L’ensemble se met alors en place et devient plus tendu, nous faisant parfois penser à Pan Sonic, jouant sur les cassures et ruptures en milieu de set. La tension diminue alors, et les dernières minutes sont une succession de superposition de glissandos descendant dans les grave, pour venir s’éteindre dans les infrabasses. Très beau concert, mais un peu court.

Pour le concert de Kaffe Matthews à la rigueur ce n’était pas trop gênant car elle avait construit son set sur cette durée. Notre déception sera un peu plus importante pour le concert d’AGF, plus classique dans sa forme, composé d’une suite de morceaux au format plus pop. La première fois on avait particulièrement aimé l’interaction qu’il y avait entre sa voix et la musique, et le traitement plutôt complexe qu’elle faisait de sa voix. Ce soir tout ceci semble être un peu retenu.
Ca commence très bien avec un mélange de basses profondes, de samples rythmiques tronqués, de voix hachées et de notes qui fendent l’air. Et puis la musique se calme, et c’est sur une nappe ambient qu’AGF continue ses jeux verbaux et sonores, mêlant douceur et cassures abruptes. Quand c’est relativement bref au sein d’un morceau, cela passe bien, mais on aura parfois l’impression d’entendre juste un texte, une récitation. Mais on comprendra qu’il n’est pas évident de jongler sans cesse entre le laptop et la console de mixage, les effets, et de chanter en même temps, mais on aura quand même parfois l’impression de voir la chanteuse de Laub plutôt qu’AGF, ce qui est un peu dommage.
Environ 25 minutes, trop court donc, mais permettant de présenter son récent album.

Pour nous la soirée se terminera pas le concert de RyoCo (Ryoko Kuwajima) qui mettra un peu de temps à s’installer en raison de problèmes techniques. Niveau matériel, la jeune japonaise est équipée d’un laptop, d’une sitar et de quelques boites d’effet pour traiter le son en direct. Une sorte de souffle aiguë sort du laptop pendant qu’elle improvise à la sitar une musique parfaitement abstraite. L’instrument est plutôt malmené, elle génère des larsens qu’elle semble avoir du mal à contrôler, même si on appréciera en particulier sa façon de les tuer en les ramenant dans les grave.
On restera complètement en dehors de cette prestation, plus occupé comme beaucoup, à se boucher les oreilles lors de l’apparition de chaque larsen...

Fabrice ALLARD
le 08/02/2004

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