21/02/2004
Triptyque,
Paris
Il s’agissait d’un petit événement ce soir au Triptyque puisque se produisait en concert un groupe extrêmement rare sur scène. Isan, auteurs de plusieurs albums chez Morr Music étaient en tête d’affiche et ouvraient une soirée débutant assez tardivement. C’était ensuite l’occasion de découvrir Arco5 signé chez Arbouse Recordings et qui se révéla être une excellente surprise.
Autant le dire tout de suite, on n’est pas vraiment fan d’Isan, expliquant peut-être l’impression mitigée qui va suivre. En dehors de l’excellent Salamander, leurs productions nous paraissent en général un peu trop douces, gentillettes. C’est certes très joli, soigné mais il manque bien souvent le petit quelque chose, cette dose de magie qui fait qu’un joli morceau un peu anodin devienne une pièce marquante. Par ailleurs les sonorités utilisées font généralement guère preuve de recherche.
D’ailleurs on voit les deux musiciens côte à côte avec quelques machines, une table de mixage, et chacun leur synthé sur lesquels ils pianotent leurs petites ritournelles ou utilisent parfois un vocodeur. Rythmiques généralement discrètes, accompagnement de nappes, et mélodie au premier plan, douce et un peu nonchalante sous forme de tintement électronique. Parfois une mélodie accrochera plus facilement l’oreille, nous paraîtra plus recherchée, ou encore, mais trop rarement, le groupe produira de longues notes tournoyantes un peu plus originales que le reste du concert.
Un concert qui s’est déroulé sans accroc, le groupe semblant produire à peu de choses près la même musique que sur disque, alors que l’on aurait bien aimé une pointe d’originalité qui nous aurait rendu le groupe un peu plus sympathique.
Avec Arco5, on a l’impression de trouver tout ce qui faisait défaut à Isan. Après une courte intro dans un registre similaire, la rythmique s’empare de l’ensemble et fait décoller le morceau pour l’emmener dans un tout autre univers où les mélodies ne sont pas systématiques, sont un peu malmenées et du même coup rendues plus fragiles, sachant que les sonorités utilisées pour celles-ci sont tout aussi douces et cristallines que chez Isan. L’univers d’Arco5 est donc contrasté entre ces notes étincelantes, des rythmiques parfois un peu dures (on se demandera s’il n’y a pas quelques influences industrielles là dessous), voire martiales, et de superbes nappes et textures. Un cocktail assez sombre, dérangé, complexe, qui se construit au fil d’un concert qui se déroule d’une traite, avec quelques magnifiques passages ambient expérimentaux. Au bout d’un quart d’heure on est convaincu : Arco5 connaît et maîtrise parfaitement son sujet, sait sculpter le son, construire des rythmiques alambiquées et des mélodies immédiates et touchantes.
Pourtant, on remarquera un changement de style à un peu plus de la moitié du concert, avec une atmosphère moins pesante, des rythmiques un peu plus classiques tout en restant dans une lignée Autechre/Aphex Twin, avec des mélodies plus légères, plus anodines. Une fin de concert sympathique donc, mais moins marquante, faisant tout de même de cette prestation une très bonne surprise qu’il sera possible de prolonger avec son album intitulé Dynamostar, paru chez Arbouse Recordings.
le 02/03/2004