Les Gens

 auteur

Edward Bond

 metteur en scène

Alain Françon

 date

du 13/01/2014 au 07/02/2014

 salle

Théâtre Gérard-Philipe,
Saint-Denis

 appréciation
 tags

Edward Bond / Théâtre Gérard-Philipe

 liens

Théâtre Gérard-Philipe

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D’Edward Bond, on se souvenait avoir vu, fin 2006, Naître, pièce qui avait choqué (on y voyait le meurtre d’un bébé) et sur laquelle on n’avait rien écrit alors. Depuis, et après avoir été beaucoup monté pendant une dizaine d’années, le dramaturge anglais semblait moins présent sur les plateaux français. C’est via Alain Françon, fidèle du Britannique (et pour lequel cette pièce est même écrite), que Bond assure donc une forme de retour avec Les Gens, dramaturgie s’inscrivant aisément dans la lignée de ses précédentes œuvres : décor post-nucléaire, action située à la fin du XXIe siècle, syntaxe réduite à l’os et âpreté de l’ensemble.

Quatre personnages errent sur scène, tenant des propos épars et incohérents : une femme tente de détrousser un cadavre qui se refuse à mourir, un homme âgé perd la tête et un autre, plus jeune, ne sait plus qui il est. Leurs histoires individuelles sont racontées par fragments, générant des béances dans le récit, qui vont légèrement se combler vers la fin même si la confusion continuera de prédominer et de dérouter le spectateur, plongé dans la semi-obscurité du plateau, telle que les visages (couverts de boue, qui plus est) sont difficilement distinguables. Puisque, dans cette vision apocalyptique de l’avenir, les rapports humains et le lien social tendent à disparaître, les objets se trouvent surinvestis et sont alors chargés de remplir cet office d’attache entre les personnages : pistolet qu’on se passe de main en main, manteau qu’on s’arrache, pull qu’on somme d’étrangler le presque-mort, etc…

Le pessimisme d’Edward Bond pousse jusqu’au bout les pires travers du genre humain dans une logique extrémiste destinée à dévoiler, de manière sous-jacente, les tares de nos sociétés contemporaines. Ainsi, ceux qui ont été expulsés de leur communauté se voient ici s’enliser dans une forme d’aliénation mentale : enfermement psychologique, mort approchante qui fait ressasser un épisode particulier (le « Boutonne-toi » répété ad nauseam par le personnage interprété par Aurélien Recoing) ou amnésie complète. Face à ces figures, incarnant autant d’allégories douloureuses, le spectacle s’avère indubitablement éprouvant, car profondément exigeant et laissant peu de place, en définitive, au spectateur pour projeter son propre imaginaire au-delà des représentations qu’assène le texte.

Autres dates :
  du 11 au 14 février 2014 : Comédie de Saint-Étienne
  19 et 20 février 2014 : Comédie de Valence
  du 26 février au 8 mars 2014 : TNP - Villeurbanne

François Bousquet
le 27/01/2014

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