Pita - Zbigniew Karkowski - Pop

On en avait déjà pris plein les oreilles avec le déferlement sonore qu’avait produit Zbigniew Karkowski aux Instants Chavirés il y a à peine 6 mois, mais on était près à retenter l’expérience. Cela dit, le fait de voir Peter Rehberg (aka Pita) en solo puis en duo avec Karkowski sous le nom de Pop était également une première pour nous.

Sur la scène, deux tables placées côte à côte. Sur celles-ci, deux laptops, et une table de mixage pour tout matériel. Peter Rehberg prend place et commence son concert par quelques sons à peine audibles et bruitages secs que l’on aura du mal à cerner : sonorités générées par l’ordinateur ou sons concrets ? Puis on croit assister à un cours dans une salle de classe : un professeur semble expliquer une leçon, et au bout d’un moment c’est le vacarme. Des chaises et tables sont déplacées, des élèves chahutent, crient et le professeur, imperturbable continue son cours. Une voix vient alors parler à voix basse dans le micro, le message semble subversif, semble remettre en question l’éducation, puis un coup de feu retentit.
Des textures granuleuses, bruitistes prennent alors le relais. C’est violent, dur, mais le son produit est assez accrocheur. Cette texture semble se briser, s’effondrer, se décomposer, quelques samples mélodiques en profitent pour faire leur apparition, faisant passer le bruit pour un simple accompagnement, jouant avec une répétition brève pour créer un rythme. Le bruit reprend alors ses droits, écrase tout, s’arrête brutalement pour laisser place à une basse vrombissante qui menace de se rompre. Elle ne laisse passer que quelques notes fabuleuses, espacées de silences de plus en plus long, jusqu’à l’arrêt complet d’un concert qui n’aura même pas duré 20 minutes mais qui restera déjà comme un concert marquant. Le bruit était construit, riche, varié, et au final Pita extrait de ce magma sonore quelques notes touchantes.

Zbigniew Karkowski prend alors place, mais ne parviendra pas à nous marquer comme il a pu le faire il y a quelques mois. Aujourd’hui une simple texture subit quelques variations, s’arrête pour faire place à un souffle filtré lui aussi de toutes les façon possibles et imaginables, mais on ne perçoit pas de direction, de cheminement comme le proposait Rehberg. Ce manque de construction place donc le spectateur dans une situation ou il ne fait que subir ces agressions sonores successives qui passent un peu pour de la démonstration des possibilités du logiciel utilisé. Mais on trouvera les sonorités qui en sortent assez habituelles mêlant grésillements, vrombissements, et déchirements de toute sorte jusqu’au classique bouquet final sous forme de mur du son.
A peine un quart d’heure, qui s’écoute mais qui nous paraîtra aussi un peu vain.

A peine terminé, le voilà rejoint par Pita pour former le duo Pop qui n’a bien entendu absolument rien à voir avec la pop music. Là aussi, beaucoup de bruit, pour un concert très certainement improvisé pour lequel, après avoir vu les deux artistes en solo, on discernait assez bien la part de chacun, sans pour autant adhérer complètement. Dans la mesure ou le but est de faire du bruit, en faire tout seul ou à deux ne change pas grand chose.
Ici Karkowski produisait des textures, Pita des sons plus brefs, plus incisifs, et ensemble ils créèrent quelques boucles un peu statiques. Pas inintéressant, mais ayant vu le meilleur en premier, il fut ensuite bien difficile de nous convaincre.

Fabrice ALLARD
le 02/03/2004