Movietone / Crescent

Crescent et Movietone, deux groupes en un, étaient en tournée suite à la sortie de leurs albums respectifs, By The Roads And The Fields et The Sand And The Stars. Après un suspense haletant, le groupe qui a connu quelques problèmes techniques sur la route fini par arriver et à s’installer en vitesse, réalisant une balance certainement approximative mais tout à fait correcte.

Ce n’est donc que vers 22h30 que Crescent commence à jouer. Découverte pour nous, on est immédiatement séduit par le premier titre : rythmique régulière mais qui nous paraît joliment alambiquée, mélodie de guitare claire réalisant régulièrement quelques bruitages qui se remarquent tout de suite et apportent à la fois relief et une atmosphère un peu dérangée. Là dessus la voix de Matt Jones vient nous rassurer, monotone mais douce, nonchalante comme si chaque phrase était son dernier soupir. Ce chant nous rappellera d’ailleurs un peu les débuts de Tarwater. Il est également présent aux claviers, ajoutant au choix petites notes pleines d’écho, ou de longues mélodies nasillardes et mélancoliques.
Si le groupe se renouvelle sans cesse, les musiciens changeant ou s’échangeant leurs instruments en permanence, le batteur utilisant un petit tonneau métallique renversé sur un titre, un autre amenant des cuivres sur un final très enlevé, au bout d’un moment on réalise que la formule certes séduisante finit par lasser. Tout du moins on regrettera que l’excellente surprise du début ne se poursuive pas tout au long du concert. Le groupe reste sur sa lancée, mais déjà de haute volée.

Le temps d’une petite pause, puis on prend les mêmes et on recommence, cette fois sous le nom de Movietone, avec en plus Rachel Coe. Ne connaissant que le deuxième album, Day And Night, on sera un peu surpris par l’approche particulièrement pop, Rachel Coe et Kate Wright assurant le chant à tour de rôle ou ensemble. Leur musique reste jolie mais aussi beaucoup plus classique, avec rythmique fine et discrète, et guitares acoustiques, joliment relevé de cuivres (Rachel Coe est à la clarinette) ou d’un violon sur le superbe In Mexico qui doit à peu près tout aux intonations prises par les deux chanteuses.
Ce n’est qu’aux rappels que l’on sera véritablement conquis, les musiciens venant jouer au milieu du public. On aura droit à un premier morceau bien sympathique, mais c’est pour The Sand And The Stars que la magie opérera, Kate Wright seule à la guitare et au chant, batteur et guitariste étant retourné sur scène : superbe mélange d’instruments amplifiés et acoustiques, douceur des uns relevés par la clarté des autres. Superbe final donc, mais concert globalement un peu plat après celui de Crescent.

Fabrice ALLARD
le 08/04/2004