Radian / Pluramon

On ne compte plus le nombre de fois que l’on a vu Radian en concert, mais pour notre plus grand plaisir ils passent régulièrement par Paris, sans même avoir d’actualité puisque leur nouvel album ne sortira qu’à l’automne 2004. Radian qui était une raison suffisante pour se déplacer ne faisait donc pas l’événement. C’est en effet Pluramon, beaucoup plus rare puisque de mémoire leur dernier concert parisien date de juin 1998 lors d’une soirée Büro, qui a fait venir un public relativement nombreux.

C’est donc Radian qui assure la première partie, soit Martin Brandlmayr à la batterie, entouré par Stefan Nemeth à sa droite aux machines, et John Norman à la basse. On est tout de même surpris par le premier morceau, non pas que le trio viennois ait changé de style, bien au contraire, mais par l’énergie qu’il dégage tout en gardant le même style de composition aux rythmiques riches et frétillantes. Mais alors que le groupe produit généralement une musique assez austère ou percussions et basses occupent une place majeure, ce premier morceau intègre des nappes ressemblant à des résonances aux couleurs métalliques et autres notes lumineuses. Tous ces éléments se combinent à merveille, créant une certaine tension avant que la rythmique n’éclate tout en restant parfaitement contrôlée. Un grand moment qui laisse présager du meilleur pour leur nouvel album. La suite nous surprendra un peu moins, avec notamment quelques morceaux de Rec.Extern, leur dernier album à ce jour paru chez Thrill Jockey, mais le groupe semble trouver un plus juste équilibre entre ses trois membres, ou plus simplement les machines de Stefan Nemeth se font plus douces ou mélodiques.

Le temps de débarrasser la scène, de faire quelques réglages lumières, et voici les membres de Pluramon qui prennent place avec la chanteuse au centre. Le concert commence par un premier morceau bruitiste et sec que l’on aurait cru sorti d’un laptop, mais qui était apparemment le fruit d’une machine à café traitée par des effets... là dessus les guitares enchaînent avec un classique son pop, noyant la petite voix de la chanteuse que l’on pourrait comparer par moment avec celle d’Alison Shaw, chanteuse des Cranes. On est donc déçu par ce premier titre, et on se dit que ce n’est qu’un morceau, que le meilleur est à venir. On aura alors droit à un très beau morceau plus calme, aux guitares soyeuses, voix feutrée, pour une sorte de pop planante, mais le reste du concert ne sera qu’un retour de vague shoegazing : superposition de guitares rock mais diluées, voix qui ne sert que d’accompagnement, et rythmique classique, surtout après un concert de Radian.
Globalement, on s’ennuiera donc ferme, et on s’amusera un temps à compter les spectateurs quitter la salle. Notre intérêt ne sera de nouveau éveillé qu’en fin de concert, par un long morceau de plus d’un quart d’heure, débutant par une pop instrumentale douce et chaleureuse (présence de cuivres) assez formatée, évoluant petit à petit vers de jolies improvisations permettant d’obtenir des guitares plus discrètes dévoilant un peu le reste des instruments, puis un long final chapeauté par la batterie à l’origine du tempo soutenu.
Au final, deux bons morceaux qui étaient très différents de la majorité du concert, et quand les lumières se rallument on découvre les nombreux sièges vides. Déception générale apparemment...

Fabrice ALLARD
le 22/04/2004