Festival Avril.Dot : Jason Kahn / Frédéric Nogray / Hervé Boghossian

Peut-être l’une des soirées les plus pointues du festival Avril.Dot en ce vendredi soir, avec Frédéric Nogray, auteur d’un album expérimental, également première référence du label N-Rec, puis Jason Kahn que l’on avait déjà pu apprécier au Batofar lors du festival Batofar cherche la Suisse. En dernière partie ces deux artistes étaient rejoints par Hervé Boghossian pour un dernier set sous forme de relais.

C’est Frédéric Nogray qui débute, et nous annonce avec humour que comme on lui a volé son laptop, il a investi dans un ventilateur qui sera en effet au centre de son concert. Ventilateur donc, mais également table de mixage, effets, et divers objets qu’il utilisera a tour de rôle pour moduler et créer de nouvelles sonorités. Seul le ventilateur se fait entendre pour commencer, un sourd ronronnement que Frédéric Nogray fait évoluer tout doucement, au bout de quelques minutes, vers un sifflement grésillant. Il s’amusera ensuite à approcher et coincer des chips sur ce ventilateur, apparemment pour apporter quelques variations dans le souffle, puis un morceau de scotch qui frôlera les pales de l’engin. On aura alors quelques jolies transitions entre deux sonorités, puis un sympathique final lors duquel l’artiste enveloppe le ventilateur d’une couverture de survie, vibrant au gré du souffle produit par le ventilo.
Une musique purement expérimentale, mais un concert très visuel.

C’est ensuite au tour de Jason Kahn, qui contrairement à son concert au Batofar, commence par manipuler quelques machines qui produisent un souffle évoluant extrêmement lentement vers un sifflement pendant la moitié du concert. Bien évidemment cela lasse une partie du public déjà peu nombreux ce soir, et quelques spectateurs quittent la salle. En fait cette lente évolution amène ce souffle vers un sifflement qui se rapproche de la résonance d’une timbale sur laquelle il se met a frapper. Les sons se mêlent, se confondent, et cette résonance acoustique prend le dessus, évoluant à son tour vers les basses. Mais le plus impressionnant fut le final, quand il faisait varier un son, uniquement en changeant la distance entre une cymbale et la peau de son tambour, nous donnant l’impression de voir l’air vibrer.
Là aussi, très expérimental, encore moins varié que Frédéric Nogray, mais le final rattrapa notre appréciation.

Mais c’est finalement la dernière partie, bien plus facile d’accès il est vrai, qui emporta notre adhésion immédiate. Dans un premier temps ce sont Frédéric Nogray et Hervé Boghossian qui jouent ensemble, le premier ayant retrouvé son laptop et produisant quelques sifflements répétitifs, le second se produisant au laptop + guitare, créant des nappes changeantes. Jason Kahn se joindra alors à eux, frappant ses timbales, et ajoutant du même coup quelques couches supplémentaires pour le passage le plus riche de ce set. La dernière partie, après le départ de Frédéric Nogray, fut un peu plus abstraite, entre sifflement des machines de Jason Kahn et petits triturages de guitare de la part d’Hervé Boghossian qui terminera le set tout seul.

Fabrice ALLARD
le 28/04/2004