Soirée Intr_version : Mitchell Akiyama / Joshua Treble / aMute / Désormais

 date du concert

28/04/2004

 salle

Ferme du Biéreau,
Louvain-La-Neuve

 tags

aMute / Désormais / Ferme du Biéreau / Joshua Treble / Mitchell Akiyama

 liens

Joshua Treble
aMute

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Un concert découverte tout à fait enthousiasmant, que nous avons bien fait de ne pas rater. Découverte d’un lieu tout d’abord : un bâtiment de ferme aux alentours du campus universitaire de Louvain-la-Neuve, de taille restreinte, avec un petit bar proposant d’excellentes bières locales et une salle où la public s’installe dans de confortables et moelleux fauteuils, l’idéal pour se laisser divaguer au son des musiques qui nous seront proposées.

A l’invitation de l’excellent disquaire bruxellois Le Bonheur (http://www.lebonheur.net), d’éminents représentants du label canadien Intr_version venaient présenter leurs travaux aux oreilles curieuses. On commence avec Joshua Treble. Arrivé juste après le début du set, on est d’emblée plongé dans une atmosphère lymphatique, cotonneuse, générée par d’amples nappes évolutives, tantôt saturées, tantôt éclaircies de motifs plus mélodiques. Ce set exclusivement délivré au laptop nous évoquera les heures fameuses du label Em:t, de par l’amplitude, la profondeur et la douceur des textures. Rythmée juste ce qu’il faut, pétrie d’inspiration, la longue pièce concoctée par le musicien de Cincinatti nous a pleinement convaincu grâce à l’installation d’un climat très évocateur et à l’agencement intelligent des sons utilisés.

C’est ensuite le sympathique Mitchell Akiyama, fondateur du label, qui s’installe. Il prévient d’emblée l’auditoire, attentif et bienveillant, que son set sera complètement improvisé. Lançant une rythmique d’abord régulière, plus ou moins structurée au laptop, il fait osciller un trousseau de clefs puis égrène, de manière de plus en plus soutenue, des notes de guitare souvent réverbérées. La longue pièce de 50 minutes qu’il offre oscille ainsi entre laptop et guitare pour un résultat difficile à décrire mais véritablement magistral. Le canadien est parvenu sans peine à nous emmener complètement ailleurs, nous glissions, les yeux clos, sur un tapis de motifs mi-apaisants, mi-enjoués. Le final où il accéléra son jeu de guitare, l’air extrêmement concentré, tandis que la structure électronique se faisait plus agressive, étant vraiment de toute beauté et salué par une ovation soutenue.

Lui succéda le Bruxellois aMute, dont c’était précisément l’anniversaire, ce qui fit de son set un moment extrêmement joyeux pour lui-même et le public qui comptait nombre de ses amis. Jérôme Deuson, que nous avions découvert avec enchantement lors du récent festival Rhâââ Lovely, est pétri de talent. Il aurait souhaité, pour ce concert, proposer quelque chose d’ambitieux, avec de multiples instruments, mais des problèmes personnels l’en ont malheureusement empêché. Il fut toutefois accompagné à la guitare puis à la flûte traversière pour deux morceaux, l’ouverture et la clôture, de toute beauté. Jérôme combine le laptop avec, de temps à autre, un clavier, et plus systématiquement sa guitare qui offre un contrepoint bienvenu à l’austérité que peuvent susciter les machines. Ses morceaux sont variés, globalement plus pop que ceux de ses compagnons du soir, ce qui ne fut pas pour nous déplaire. Il alterne compositions lentes, réflexives, et petites pièces plus nerveuses (l’une d’elles, nous dira-t-il, ayant été composée le matin même). Si nous fûmes peut-être moins enthousiasmés qu’au Rhâââ Lovely (sans doute en partie parce que l’effet de surprise était passé, les deux sets présentant forcément de grandes similitudes) et si nous sentons bien que nous ne sommes qu’à la genèse d’un travail qui sera nécessairement perfectionné, nous sommes certains d’être en présence d’un artiste extrêmement talentueux et prometteur dont nous suivrons l’évolution avec grand intérêt.

Clou du spectacle, ou en tout cas présenté comme tel, le duo Désormais composé de Joshua Treble et Mitchell Akiyama. Le premier officie au laptop, le second à la guitare, pour un résultat assez proche de ce qu’on pouvait pressentir en imaginant ce que donnerait la conjonction de leurs sets solo respectifs. L’ambiance est moins contemplative, les paysages sont plus arides, plus bruts. Certains passages sont véritablement impressionnants, mais nous nous sommes pris à penser que cette ’post-tronica’, si l’on ose dire, n’allait pas aussi loin dans l’amplitude que nous l’aurions souhaité. Peut-être qu’en formation complète, avec batterie et cordes, les morceaux prendraient une couleur plus dense. Quoi qu’il en soit, la conjonction des talents de ces artistes intègres et novateurs séduit, la combinaison entre les textures électroniques et les notes égrenées à la guitare, qui est peut-être l’une des caractéristiques du label, procurant un résultat très séduisant.

 Au final, une excellente soirée, dans des conditions idéales, pour découvrir un label plus qu’intéressant que nous ne pouvons que trop conseiller.

Gilles Genicot
le 30/04/2004

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