06/05/2004
Guinguette Pirate,
Paris
Petite trentaine de personnes en ce jeudi soir à la Guinguette Pirate pour assister à la prestation parisienne quasi annuelle de Janek Schaefer et à un concert dHervé Boghossian à loccasion de la sortie de son nouvel album, sur Raster-Noton.
Assez étonnamment, cest par un duo que les deux musiciens débutèrent. Pendant quHervé Boghossian traitait ses accords de guitare via son laptop, Janek Schaefer était affairé sur une table de mixage et envoyait larsens et nappes pour créer un support idéal aux lancinantes envolées de la six-cordes du français. Celle-ci était soit grattée, soit mise sur les genoux du parisien qui la frappait alors avec une baguette ou un balai de batterie. Le rendu hautement évocateur de lensemble musical ainsi proposé était, par ailleurs, parfaitement amplifié par la configuration de la jonque chinoise : la lumière solaire déclinait au fur et à mesure, le bois craquait, des bateaux-mouches passaient sur la Seine et la lumière de leurs projecteurs qui nous parvenait via les espaces entre les rideaux tirés sur les vitres de la Guinguette nous donnait limpression dêtre dans un zootrope (cet appareil cylindrique, ancêtre du cinéma, que lon faisait tourner et où on regardait les dessins à travers des fentes pour créer une sensation de mouvement).
Ce fut ensuite Hervé Boghossian qui se retrouva seul sur scène pour un set dune cinquantaine de minutes où il se situa dans la lignée de ce quil venait deffectuer : filtrage de sa guitare, adjonction déléments électroniques divers pour un set aérien et inspiré qui aurait peut-être toutefois gagné à être un peu plus concentré. Frappant encore une fois son instrument alternativement avec sa baguette ou avec son balai, le français changeait également lendroit où il jouait de manière à faire varier les sonorités produites : tantôt tout près du sillet, en bas du manche, tantôt à côté du chevalet où les cordes sont le plus tendues.
Enfin, Janek Schaefer reprit sa place initiale et Hervé Boghossian délaissa la scène. Nous annonçant, en préambule, quil allait effectuer un set mariant deux de ses récents projets, le musicien anglais sinstalla donc derrière sa grande table de mixage pour nous proposer quarante minutes de textures granuleuses et torturées. Moins intriguant visuellement et moins captivant musicalement que quand il opérait avec sa platine à trois bras, Janek Schaefer sut pourtant nous intéresser à défaut de nous transporter.
le 07/05/2004