Festival Avril.Dot : Hypo / Man-eater Orchestra / Fabrique de Miniflamm

En guise de clôture du festival Avril.Dot devaient se produire Hypo et Groupgris. Si le premier était bien présent avec quelques invités, le second était remplacé par Man-eater Orchestra, que l’on ne connaissait pas et qui fut par conséquent la surprise de la soirée.

Tout commence dans le noir avec trois hommes penchés sur leur laptop et cachés derrières leurs grosses lunettes de soleil. Des têtes connues puisque l’on reconnaîtra Minifer et O.Lamm, le troisième étant en fait FabriqueDeCouleurs. Ils jouent ensemble sous la contraction Fabrique de MiniFlamm. Le résultat est à la hauteur de leurs productions individuelles : bricolage plus ou moins bruitiste, piaillement et chorale d’ordinateurs, le tout semblant être dirigé par un chef d’orchestre de silicium qui perdrait les pédales.
Ça commence donc de façon très "aléatoire", ça part dans tous les sens, mais mine de rien chaque élément semble trouver sa place pour arriver en milieu de concert à une sorte d’osmose, douce et répétitive. La deuxième partie, bien plus calme, laisse le temps de respirer, prend le temps de poser les bases, quelques éléments de dégagent, comme un drone grinçant créant une belle montée accidentée, fracturée qui viendra mourir seule alors que les trois musiciens ont quitté la scène.

Découverte donc ensuite, avec Gaël Angelis qui joue sous le nom de Man-eater Orchestra. On était intrigué dès le début de la soirée par cette batterie placée en fond de salle, avec un laptop juste à côté. C’était donc pour cet artiste qui se produit seul à la batterie, homme-orchestre esseulé, avec une guitare disposée sur les genoux. Il commence par beaucoup utiliser celle-ci, frappant ou frottant les cordes pour produire quelques accords bruts, puis le mélange se fait avec la batterie. La guitare ne devient alors plus qu’une extension de la batterie, traitée de la même manière. Le résultat sonne comme une espèce de free rock haché, Gaël Angelis laissant les sonorités se calmer avant de reprendre, tandis qu’à d’autres moments il enchaîne rapidement les coups sur ses fûts. Mais l’intérêt, ou la petite nouveauté de ce concert résidait dans l’utilisation du laptop, qui générait des sons en fonction de ce que jouait le musicien. A chaque coup sur une cymbale ou une caisse, le laptop générait un son, généralement des bleeps grinçant ou métalliques qui participaient à la création musicale et donnait une coloration nouvelle à sa musique. Très intéressant, mais quand même un petit manque de renouvellement sur un concert qui ne durait pourtant qu’à peine 30 minutes.

Pour finir, Hypo, qui se produisait ici à quelques jours de la sortie de son troisième album, Random Veneziano, nous permettant peut-être de se faire une idée sur celui-ci. Pas de surprise pour commencer, avec les inévitables ritournelles accrocheuses, et une façon similaire d’aborder le live avec platines et effets. C’est toujours aussi efficace, sautillant, et les morceaux s’enchaînent à toute vitesse. On remarquera quelques brefs passages apaisés avec des choeurs lointains, ou une mélodie plus douce et posée, puis des rythmiques plus carrée qui feront tout de suite leur effet. Quelques spectateurs se lèvent et commencent à bouger sur des morceaux qui effectivement invitent à danser. Si l’esprit des premiers disques d’Hypo est toujours là, on a aussi l’impression qu’il a gagné en assurance, qu’il laisse ses rythmiques et ses mélodies prendre le devant sans avoir à les cacher honteusement derrière une montagne de sonorités bricolées. Et cela fonctionne, on ne parlera pas encore de minimalisme, mais d’une certaine épure agréable et bienvenue. On attendra cependant d’écouter l’album pour voir si cette impression se confirme.
Tout ceci semble toutefois prometteur, et le public conquis lui fit une véritable ovation.

Fabrice ALLARD
le 12/05/2004