20/05/2004
Stazione Leopolda,
Florence
Tout commence par un vrombissement qui grossit et par deux musiciens qui entrent sur scène dans le noir. L’un d’eux est affalé sur sa chaise et joue nonchalamment d’une basse posée sur son ventre. Le deuxième opère une installation périlleuse en plaçant une guitare le manche dans le pavillon du tuba dans lequel il souffle. Le Dick Slessig Combo (puisque c’est le nom du groupe qui assure la première partie) produit alors un joli drone parfois perturbé par les attaques saturées de la basse.
Ils sont rejoints par un troisième compère, et le style évolue quelque peu : tout le monde se met à la guitare et se lance dans un post-rock gratouillé. On se croirait sur la terrasse d’une maison californienne dont les occupants éclusent des bières en jouant sans but après une journée à crapahuter au milieu des sequoias. Ce n’est pas désagréable, loin de là, mais le genre a aussi ses limites. La rumeur de plus en plus insistante les oblige à mettre un peu plus d’énergie dans leur jeu, et l’un d’eux passe à la batterie. Cette troisième tentative sera la moins originale et les fera sombrer dans le rock répétitif peu inspiré.
Il est déjà tard quand les Matmos rentrent en scène. Leur laboratoire est constitué de deux grandes tables disposées en L. Dessus, une table de mixage et un laptop, mais aussi une bassine remplie d’eau et une boîte à musique. Ils donnent l’impression d’explorer une nouvelle science expérimentale : Drew Daniel, vêtu d’une tunique brodée, est un alchimiste porté par la soif de découvertes, et Martin Schmidt, en costume strict d’employé de bureau, incarne une certaine rigueur scientifique.
La musique ne ressemble pas à ce que l’on a pu entendre sur disque, même si l’on reconnaît ici et là quelques gimmicks tirés de The Civil War. Il n’y a pas non plus de volonté de faire danser, au désarroi d’une partie du public. Au contraire les morceaux s’étirent avec comme fil conducteur les expériences de Schmidt : il souffle dans l’eau avec une paille en s’enregistrant, tire des sons d’un enregistrement vidéo de sa caméra, joue des airs folks sur des instruments-jouets. Deux des musiciens de la première partie créent une trame au tuba et à la batterie. Pour finir, Drew Daniel mixe l’ensemble avec des sons plus electronica avant de livrer le résultat à l’auditoire.
Leur concert se termine par une pirouette : alors que le public réclame de nouveaux titres, Martin annonce que tout le monde peut rentrer chez soi, Björk ne viendra pas ce soir.
le 28/05/2004