10/06/2004
Instants Chavirés,
Montreuil
Nous voici de nouveau du côté de Montreuil pour la deuxième fois de la semaine afin de découvrir Aki Onda en live, après avoir écouté son album Bon Voyage, un patchwork d’enregistrements de voyages, bruits de rue ou de la nature. En deuxième partie, les Dust Breeders, groupe atypique puisqu’utilisant des mange-disques comme source sonore.
On se demandait quelle configuration allait être adoptée pour cette soirée, s’attendant à être assis pour Aki Onda, tandis que l’on s’imaginait plutôt debout pour les Dust Breeders. Quand on arrive dans la salle on remarque les chaises qui resteront en place durant toute la soirée, permettant d’apprécier les deux concerts confortablement assis. Juste devant nous, au pied de la scène, une grande table est disposée avec tout le matériel de Aki Onda, dont 3 walkmans, diverses pédales d’effets, et des cassettes audio soigneusement alignées.
Un peu après 21h, le japonais s’approche timidement de sa table de travail, et place une cassette dans un walkman. Le son ne passe pas par la table de mixage de la salle, et se retrouve directement diffusé sur les trois amplis du japonais, un ampli par walkman. Il commence par un bruit bizarre, un mélange de voix déformée et de bruit ambiant. Aki Onda utilise la marche arrière de son Walkman tout en continuant la lecture, créant ainsi des effets de scratchs comparables à ceux obtenus avec un disque vinyle. On sera par contre un peu gêné par une gestuelle accentué qui faisait faux. Il mélange ensuite diverses sources sonores qu’il agence avec plus ou moins de bonheur à l’aide de ses 3 walkmans : extrait de chants asiatiques, de dialogues et bruits divers, créant des boucles à partir de ces sources, appliquant quelques effets, et parvenant finalement à produire quelque chose de très musical ou du moins capable d’évoquer beaucoup de choses.
Après un passage très dense il diffuse 5 minute de chants d’oiseaux, et en fin de concert on aura droit à 5 minutes de bruits de mer, soit deux passages qui nous laisseront un peu perplexe. Faire preuve de facilité ne semble pas gêner le japonais. En effet un peu plus tard, un morceau d’un quart d’heure aura pour base sonore, une boucle de violoncelle, certes très belle, que l’on aurait pu écouter une heure sans se lasser, mais qui ici, trahissait un certain vide, ou au mieux une volonté de ne pas prendre trop de risque. Sur cette boucle, divers bruitages et scratchs se posent, beaucoup de voix aussi qui, mises en parallèle avec cette boucle de violoncelle paraissaient empreintes de gravité. Par contre on sera ébloui par un magnifique travail à partir de bribes de mélodie de violon : création des boucles en direct, décalage de ces boucles sur les deux amplis qui semblaient de répondre et prolonger la mélodie, puis apparition d’une guitare électrique subissant le même traitement, pour finalement se dissoudre petit à petit en un long drone final.
Malgré nos quelques réserves quant à la prestation scénique, ce fut un concert fabuleux d’un point de vue strictement musical.
Ce sera tout autre chose ensuite avec les Dust Breeders, une formation pas comme les autres avec trois hommes équipés de mange-disques, et une femme à la batterie. Avec eux aujourd’hui était présente Junko, chanteuse au sein d’un groupe noise japonais.
Ca part très vite, et le rythme ne ralentira que rarement durant une grosse demi heure. Les mange-disques contiennent des 45 tours de gros rock, et on devine le son des guitares électriques qui est traité par une multitude de pédales d’effet dont disposent les trois mangeurs de disques. Leurs "instruments" sont malmenés, ils tiennent leur mange-disque comme une guitare électrique, les frappent, produisent des larsens en s’approchant des amplis, ou scratchent en manipulant leur disque du bout des doigts. La batteuse commence, dans notre souvenir du moins d’une façon assez classique, mais au fil du concert on appréciera de plus en plus son jeu, voyant également que c’est elle qui mène le groupe. Deux musiciens abandonnent la scène un moment, la tension diminue un peu, on a l’impression d’entendre une texture plus calme produite par le seul homme encore sur scène, mais la batteuse joue le jeu un moment, calme son rythme, tout en remarquant qu’elle ne comptait pas s’arrêter là. Pendant tout ce temps, la chanteuse japonaise piaillait, chantait de façon particulièrement stridente, sans qu’on y trouve un réel intérêt.
Une performance pas comme les autres que l’on trouvera intéressante forcément, mais qui aurait pu durer un peu moins longtemps.
le 11/06/2004