Komsomolsk

Komsomolsk au Project 101, voilà exactement le genre d’événement où l’on se devait d’être présent : un jeune duo inconnu, mais des sorties individuelles de Julie Rousse et Philémon sur l’excellent label No Type suffirent à nous décider à faire le déplacement. Par contre tout le monde n’a pas eu la même idée que nous en ce samedi soir ensoleillé. Si quelques personnes sont arrivées au fil de la soirée, c’est seulement devant 6-7 personnes qu’il commencèrent à jouer.

Improvisation au laptop et traitements en temps réel sont à la base de leur travail, pour un résultat ambient-noise urbain. Leur concert se divisa en deux parties durant respectivement 15 et 30 minutes environ. Partant de field recordings et de sonorités concrètes, on discerne parfois quelques unes de ces sources sonores, ultime accroche avec notre quotidien : tintements divers et sirène de police parviennent jusqu’à nous en s’extirpant d’un riche magma granuleux, pour un ensemble globalement assez sombre.
La deuxième partie fut un peu plus facile d’accès, certainement mieux construite, mais intégrant aussi peut-être plus de sonorités auxquelles on pouvait se raccrocher comme de nombreux samples de voix, certainement enregistrés dans la rue. Après un long passage plus abstrait, retour à des éléments susceptibles d’évoquer des choses : souffle et ronronnement fragiles, ambiance désertique et sirène d’un bateau perdu, drone et sifflement tournoyant formèrent ensemble un superbe mélange ambient et dense. De cet ensemble ce dégage de superbes nappes fracturées, nous donnant une impression de sérénité au milieu d’un univers dévasté.

Contre toute attente, mais étant seuls à jouer ce soir, ils nous offrirent un deuxième set, devant un public plus attentif, ceux qui étaient venus pour prendre un verre ayant quitté la salle. Une bonne vingtaine de minutes pour cette deuxième partie avec un début plus proche d’une musique électroacoustique de part les sonorités utilisées, faisant notamment penser à la résonance d’une timbale. Changement de ton ensuite avec une rythmique minimale mais efficace qui semblait répondre à des grincements métalliques. On sentira ici venir la transition avec la suite, passage un peu dangereux où le morceau suivant n’est pas encore en place et celui qui s’achève est maltraité. La rythmique se transforme en boucles granuleuses, dures, les sonorités fusent de toute part, mais même au sein de ce chaos, se cache une certaine paix évoquée par quelques nappes pures. Excellent moment, et globalement une très bonne soirée.

Fabrice ALLARD
le 14/06/2004