20/06/2004
Parc André Citroën,
Paris
Après avoir fait les beaux jours des dimanches estivaux pendant quatre ans, les Piratages, autrefois installés devant la Guinguette Pirate et le Batofar, se sont déplacés, depuis lannée dernière, au Parc André Citroën, dans le XV°, entre Balard et Beaugrenelle. Si lappellation Piratages a laissé sa place à Sous la Plage, la programmation est toujours assurée par léquipe de la Guinguette Pirate, à laquelle sest jointe celle des Cake & Milk, soirées organisées du temps de lancien Batofar. Heureux de vérifier que le changement de localisation na en rien altéré la qualité sympathiquement festive de lensemble, ni la diversité du public présent (des connaisseurs aux familles avec enfants en bas âge en passant par les flâneurs), on put également constater que le festival dominical, en descendant le cours de la Seine, a gagné en verdure (les larges pelouses sont nettement plus confortables que la pierre des quais) et en urbanité (le site est un peu moins excentré que le quai François Mauriac et est incorporé dans un espace préexistant, une ligne aérienne de RER passe à moins de 100 mètres de la scène). Au programme de ce premier dimanche : RJD2, Hypo, Double U, Meteorites et Dictaphone avec, en ce qui nous concerne, seulement ce dernier concert.
Après un premier album intéressant mais pas forcément convaincant sorti il y a un an et demi sur City Centre Offices, Dictaphone nous avait véritablement emballés avec leur 12" Nacht paru en ce début dannée sur le label berlino-mancunien ; on avait donc hâte de les découvrir en live. Sous un ciel mitigé, Oliver Doerell et Roger Döring prirent place sur scène vers dix-sept heures : le premier au fond, allant du clavier au laptop et usant dun séquenceur ; le second sur le devant à gauche, jouant du saxophone soprane. Sur des rythmiques plutôt soutenues envoyées par Doerell, Döring plaçait tantôt des notes profondes de saxophone, tantôt des envolées proches du free jazz ; celles-ci gardant le duo de sombrer dans une ambiance lounge bien tentante eu égard au type de musique produit. Si la fin de leurs morceaux était trop souvent abrupte, les compositions de Dictaphone, constamment teintées dune pénétrante mélancolie, sagrémentaient fréquemment de samples divers : babillage denfants qui jouent dans leau (boucles idéalement adaptées au Parc André Citroën), suave batterie jouée aux balais Parfaitement complémentaires, les deux musiciens unissaient sans mal leurs instruments, Doerell doublant la mélodie de saxophone au clavier ou se saisissant dun melodica pour intégrer une boucle daccords et faire ainsi se superposer deux instruments soufflés ; on ne quittai alors la profondeur abyssale dans laquelle nous avait plongé cet enchevêtrement que par lentrée progressive de la rythmique et des samples de cordes. Pour terminer, Döring sempara dune clarinette avant de reprendre son saxophone pour la seconde moitié du titre et de nous gratifier dun final soyeux et velouté.
le 22/06/2004