10/07/2004
Jardin Raymond VI,
Toulouse
Benge / Festival des Siestes Electroniques 2004 / Funkstorung / Jardin Raymond VI / Jonas Bering
Direction le jardin Raymond VI pour la première sieste de ce deuxième week-end musical toulousain. Malheureusement, la météo se fait capricieuse. Alors qu’il n’a pas plu de la journée, quelques gouttes commencent à tomber une heure avant le début des concerts. Petites averses et gouttes éparses joueront avec les nerfs des organisateurs, le public qui était sous les arbres le week-end dernier pour s’abriter du soleil optant pour la même option, mais cette fois pour éviter de se tremper. Un peu dommage, le public ayant visiblement un peu hésité à se déplacer.
Les enceintes sont enveloppées sous des baches en plastique, la scène est à peu près abritée sous une tente, et les concerts commencent un peu après 17h avec Valdor. On ne connaissait pas ce jeune toulousain qui nous proposa un set varié, presque didactique, donnant à écouter diverses facettes des musiques électroniques. Un début assez expérimental qui nous surprendra un peu, nous paraîtra assez osé pour ce genre de prestation, en plein air avec un public pas forcément habitué à ces musiques. Un travail de collage, mettant sur un pied d’égalité bruits électroniques et fragments pop, avant de s’aventurer vers des terres electronica un peu plus classique que l’on appréciera tout autant. Une musique plus douce et qui se prêtait mieux à l’ambiance "sieste en plein air". Pour finir, une lente montée de drone saturé fort réussie qui provoqua même quelques réactions enthousiastes dans le public, et deux ou trois morceaux pop en guise de conclusion. Un set intéressant et aventureux.
Moins aventureux, mais parfaitement adapté à ce genre d’événement, on retrouve ensuite Benge et son electronica mélodique et soyeuse typique de chez Expanding Records. On n’a même pas envie de s’étendre sur le sujet. On a déjà largement parlé de cet artiste, et sa musique parle d’elle-même. Electronica mélodique, fine et sensible, comme une longue rêverie enchanteresse, un coucher de soleil printanier, la mélancolie de quelque chose qui finit, et la douceur du souvenir qu’il en reste.
C’est sûr, la musique de Benge n’est pas d’une originalité renversante, mais elle touche à la perfection, sait émouvoir sans céder à la facilité, les rythmiques ne sont pas démonstratives, et une mélodie de piano apporte parfois un petit côté intemporel à celle-ci. De toute beauté.
C’est un peu le contraire pour Funkstorung que l’on n’avait pas vu depuis un petit moment, et que l’on avait un peu abandonné avec Vice Versa, leur deuxième album de remixes, plutôt décevant. A leurs débuts ils étaient taxé de se contenter de marcher sur les pas d’Autechre, ajoutant juste sur quelques morceaux des voix ou une rythmique très hip-hop. Ce sont peut-être les premiers à avoir réussi un tel mélange qui donne lieu à de multiples projets du même genre depuis 2-3 ans. Aujourd’hui à Toulouse, on constate que ce qui faisait pièce rapporté à l’époque est devenu une véritable composante de leur musique. Ils se sont éloignés de la classique école Warp, et ont parfaitement intégré leurs influences hip-hop. La rythmique utilise aussi bien l’électronique que de classiques sons de batterie, les mélodies sont optionnelles au profit d’un agrégat percus-basses-scratchs ponctué d’effets de syncope un peu clichés et de samples vocaux fracturés. En fait on pensera un peu à une version hip-hop, et moins extrême du concert de Richard Devine, les deux allemands s’amusant à produire quelques breaks originaux entre des morceaux globalement fort semblables. Reste à voir si leur dernier album, Disconnected, confirme cette impression.
Pour finir, Jonas Bering, lillois signé chez Kompakt, que l’on connaissait de nom, que l’on situait effectivement dans cette scène minimale allemande, mais que l’on n’avait jamais réellement écouté. Après les rythmiques rugueuses des deux allemands, retour à la douceur avec une musique que l’on qualifiera d’ambient minimale. Douces mélodies vaporeuses et répétitives sur lesquelles on se fixe, et rythmique minimale. On son plutôt dense, chaleureux, parfait pour une écoute domestique mais qui se prêtait également bien à ces siestes malgré la fraicheur de ce début de soirée. Eléments rythmiques impromptus et nappes brumeuses finissent de nous convaincre, mais on décrochera sur la fin, moins contemplative, à la fois plus proche d’une techno minimale tout en intégrant de multiples sonorités inhabituelles au genre. Une démarche plutôt intéressante mais qui convenait pas très bien à cette fin de soirée.
Malgré une météo capricieuse, l’organisation, l’ambiance, la qualité du son et de la programmation sont autant d’éléments qui sont parvenus à nous faire oublier ces quelques gouttes qui ne réussirent même pas à nous gacher la fête.
le 11/07/2004